Le chef de l’Etat centrafricain Faustin Archange Touadéra devrait signer incessamment le lancement officiel de la Cour pénale spéciale (CPS), selon son procureur spécial, Toussaint Muntazini Mukimapa, qui s’apprête à lancer avant la fin de ce mois les enquêtes Il aura la lourde tâche d’instruire les dossiers à charge contre les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité.
« Nous allons commencer nos enquêtes bientôt. La première difficulté était d’ordre logistique, nous n’avions pas encore de bâtiment. D’ici la fin de ce mois, nous allons occuper un bâtiment provisoire, le commissariat central qui a été réhabilité à cette fin. Nous attendons maintenant la promulgation du chef de l’Etat pour son entrée en vigueur», a indiqué Mukimapa ce lundi 25 juin.
Le procureur de la CPS s’exprimait à l’occasion du premier anniversaire de «la visibilité de la Cour», pour faire le bilan de ses activités. Le 30 juin 2017, des juges nationaux et internationaux de la Cour qui avaient prêté serment, devaient mener des investigations pour faire la lumière sur les crimes commis en Centrafrique depuis 2003.
Au cours de sa conférence de presse, Mukimapa a expliqué que c’est seulement le 29 mai dernier que les députés centrafricains ont voté le règlement de procédures et de preuves, le dernier obstacle qu’il fallait lever avant le démarrage des enquêtes.
Le procureur a fait aussi part des défis auxquels sera certainement confronté le travail des enquêteurs. Il s’agit d’abord de la persistance de l’insécurité dans le pays.
«Nous n’allons pas prendre des risques inconsidérés pour les enquêteurs. Lorsque les balles crépitent, on n’enquête pas. Mais il y a plusieurs façons de documenter les faits. Il y a des preuves qui peuvent être obtenues par satellite, par témoignage… Donc il y a moyen de mener des enquêtes », a-t-il fait savoir.
Mukimapa a mentionné aussi le mauvais état des structures pénitentiaires, de surcroît, surpeuplées, et la précarité des ressources financières pour le fonctionnement de la CPS.
Ces ressources ne permettront à la Cour de fonctionner que pendant une année, alors que son mandat théorique est de cinq ans, d’après le procureur spécial.