Human Rights Watch (HRW) et la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH) ont manifesté leur opposition à la décision du gouvernement ivoirien de clore définitivement les enquêtes ouvertes sur les graves violations des droits humains perpétrés pendant la crise postélectorale de 2010-2011 en Côte d’Ivoire.
Le gouvernement ivoirien compte mettre fin d’ici le 30 juin 2015, à la mission de la Cellule spéciale d’enquête et d’instruction qui était chargé de ce dossier.
Les deux ONG de défense des droits de l’Homme parlent d’une «clôture anticipée» qui «constituerait un recul dans la lutte contre l’impunité».
Dans une correspondance adressée jeudi, au président ivoirien Alassane Ouattara, au nom de 19 ONG internationales, HRW et la FIDH encouragent le chef de l’Etat à poursuivre et soutenir le travail de la Cellule spéciale. Ceci en mettant à sa disposition des moyens conséquents à même de garantir des procès crédibles aux yeux de tous, et d’éviter ainsi un travail bâclé et inachevé.
Ce serait là une manière d’assumer ses responsabilités et de tenir son engagement, à maintes reprises renouvelé, «en faveur d’une justice impartiale pour les crimes les plus graves perpétrés pendant la crise». Param-Preet Singh, juriste au programme Justice internationale de Human Rights Watch, a souligné dans ce cadre, à l’adresse du président, que «les actes sont plus éloquents que les paroles».
La cellule spéciale avait été créée en juin 2011, mais son travail a été plus significatif à partir de 2014, lorsque le gouvernement a commencé à soutenir matériellement ses travaux. HRW et FIDH encouragent ainsi le gouvernement à poursuivre cet élan et à s’engager davantage.
«L’arrêt de tout soutien à ce moment critique porterait un coup terrible à la lutte contre l’impunité en Côte d’Ivoire», a déclaré Me Patrick Baudouin, président d’honneur de la FIDH et avocat des victimes ivoiriennes.
La crise politique et sociale ayant suivi les élections présidentielles de 2010, a été provoquée par le refus de l’ex-président Laurent Gbagbo de céder le pouvoir à Alassane Ouattara, vainqueur du scrutin présidentiel de décembre 2010. Au moins 3000 civils ont été tués durant cette crise qui a sévi de 2010 à 2011 dans le pays.