Alors qu’aux dernières nouvelles, la haute cour administrative de justice égyptienne avait annulé l’accord de rétrocession à l’Arabie Saoudite des deux îlots inhabités de Tiran et Sanafir, situées en mer rouge, ce dimanche 2 avril, un tribunal des référés a maintenu cette rétrocession voulue par le gouvernement.
La rétrocession des deux ilots à Ryad reste donc valide. Des décisions de justice contradictoires qui sèment la confusion dans le pays des pharaons. D’après l’avocat qui a intenté le recours devant ce tribunal, Ashraf Farahat, «le pouvoir judiciaire n’a pas le droit de s’ingérer dans des questions de souveraineté», précisant qu’il s’agit ici des «accords et traités internationaux».
Mais l’avocat qui avait obtenu l’annulation de la rétrocession devant la justice administrative, Khaled Ali, a rétorqué, pour sa part, que le tribunal des référés n’a pas compétence pour se prononcer sur un tel dossier. Il a accusé le pouvoir d’essayer de «de créer une fausse légitimité à travers un tribunal qui n’a pas juridiction, afin de justifier le passage de l’accord (de rétrocession) au Parlement.»
Le gouvernement aurait déjà envoyé l’accord de rétrocession au Parlement pour l’entériner, mais le dossier n’a pas encore fait l’objet de discussion par les députés.
L’accord de rétrocession a été signé en avril 2016 à l’occasion de la visite au Caire du roi Salmane d’Arabie saoudite. Les autorités avaient alors justifié leur décision par le fait que les deux îlots, situés près de la pointe sud de la péninsule du Sinaï, à l’entrée du Golfe d’Aqaba, appartenaient à l’Arabie Saoudite, mais que Ryad avait demandé en 1950 au Caire d’en assurer la protection.
L’affaire avait provoqué des polémiques dans le pays et déclenché des manifestations contre le régime au pouvoir. Avec des rebondissements à répétition, elle semble encore loin d’être terminée. Certains observateurs pensent à un possible recours à la Cour constitutionnelle pour trancher la question.