Le premier procès de l’ancien président burkinabè, Blaise Compaoré, s’ouvre ce jeudi 27 avril avec l’absence de l’intéressé dans le box des accusés, devant la Haute Cour de justice de Ouagadougou. Il sera jugé par contumace en tant qu’ancien ministre de la Défense.
La quasi-totalité des ministres du dernier gouvernement du règne de Compaoré comparaît pour son implication présumée dans la répression de l’insurrection populaire d’octobre 2014 qui avait conduit à la chute du régime.
Sur les 34 membres de cette équipe gouvernementale, 32 devront répondre de complicité d’homicides volontaires et complicité de coups et blessures volontaires. Six d’entre eux devraient être jugés par contumace dont l’ancien chef d’Etat.
L’ex-président est exilé en Côte d’Ivoire où il a d’ailleurs acquis la nationalité ivoirienne. Mais pour les autorités de Ouagadougou, son absence ne l’empêchera pas de répondre de la répression meurtrière de l’insurrection populaire dont il est accusé.
«Son absence ne pose pas de problème particulier, assure Armand Ouédraogo, le procureur de la Haute Cour de justice. Nous ne pouvions pas le contraindre à être présent, il nous fallait donc faire un choix : patienter, tout en sachant qu’il ne se présenterait jamais spontanément, ou bien le juger par contumace, afin de ne pas pénaliser davantage les victimes, qui demandent justice. Nous avons retenu la seconde option».
D’après une source judiciaire, une demande d’extradition sera faite en cas de condamnation. Tous les accusés encourent jusqu’à vingt ans de réclusion.
Les autorités burkinabè estiment qu’il n’y aura pas de réconciliation possible sans justice. Mais pour le parti de l’ex-président, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), ce procès n’est qu’un «règlement de comptes politique, sous la forme d’une parodie de justice». Il n’est pas fondé sur le droit, mais sur des motivations purement politiques.
Pour rappel, fin octobre 2014, les Burkinabè étaient descendus dans la rue pour protester contre l’intention du gouvernement de l’époque de modifier l’article 37 de la Constitution afin de permettre à Compaoré de briguer un troisième mandat. L’intervention des militaires du Régiment de sécurité présidentielle (RSP) avait sept morts et 88 blessés. Ce soulèvement populaire a marqué la chute du régime Compaoré qui a fui le pays.