L’opposition malienne continue à décrier le projet de révision constitutionnelle qui a été adopté ce samedi 3 juin par l’Assemblée Natioale, et qui autorise entre autres le président de la république à nommer un tiers des membres du futur Sénat.
L’Assemblée Nationale a adopté, à la majorité, le projet de loi portant révision de la constitution du 25 février 1992. Parmi les députés présents, 111 ont voté en faveur du projet, 35 contre et aucune abstention. L’opposition a voté contre.
Les adversaires du régime au pouvoir à Bamako, estiment que cette disposition renforcera les pouvoirs autocratiques du président. «Il n’y a aucune raison de ne pas faire élire tous les sénateurs pour le Sénat. Naturellement, cela donne beaucoup de pouvoir au président de la République qui non seulement va arracher au gouvernement la mission de la détermination de la politique de la Nation», a déploré Mody Ndiaye, président du groupe parlementaire du parti Vigilance républicaine et démocratique (VRD).
Il soulève aussi le fait que le texte «n’encadre pas vraiment le choix du président», ce qui lui donne «les mains libres» dans ses nominations.
L’opposition met en garde aussi sur la question du référendum prévu pour le 9 juillet. Le président du parti Solidarité africaine pour la démocratie et l’indépendance (SADI), Oumar Mariko, pense que, dans la mesure où une grande partie du territoire échappe au contrôle administratif de l’Etat, «parler du référendum dans ces conditions, c’est vraiment aller à l’encontre de la loi fondamentale en cours».
Cependant, pour le président de la Commission des lois, Zoumana N’tji Doumbia, la nomination d’un tiers des sénateurs par le chef de l’Etat devrait plutôt améliore «la qualité du travail parlementaire. Le président de la République pourrait faire appel à des légitimités traditionnelles, à des autorités coutumières qui pourront apporter leur expertise au travail parlementaire».
Si le projet de loi de révision constitutionnelle est adopté après référendum, le Mali passera à un Parlement bicaméral. Le Sénat sera institué en tant que chambre haute du Parlement aux côtés de l’Assemblée nationale. La durée et le nombre de mandats présidentiels (5 ans renouvelables une seule fois), ne seront pas changés.