Les magistrats malgaches ont entamé ce jeudi, une grève de 48 heures pour manifester leur ras-le-bol vis-à-vis des «atteintes répétitives» portées à l’indépendance de la justice.
«Nous sommes obligés de cesser notre activité (…) pour que des mesures urgentes et pérennes soient prises contre les dangers qui menacent notre métier», a indiqué, dans un communiqué, le Syndicat des magistrats de Madagascar qui a lancé le mot d’ordre de la grève.
Ce syndicat qui représente quelques 900 magistrats, a averti que les 42 tribunaux du pays seront fermés, et de nombreuses audiences seront inévitablement reportées.
Dans le répertoire de leurs griefs, les juges dénoncent entre autres, les ingérences du pouvoir exécutif dans certaines affaires, la non-application de plusieurs décisions de justice, voire des menaces à l’encontre des magistrats.
Le mois passé, le syndicat a adressé des correspondances au chef de l’Etat et au Premier ministre, pour leur faire part de ses combats, mais ces requêtes sont restées jusqu’à présent lettres mortes.
«Depuis un mois, nous avons réclamé que l’Etat prenne les mesures pour éradiquer l’impunité qui sévit actuellement, et des impunités flagrantes, surtout par rapport à des personnalités qui sont proches du pouvoir», a fait savoir Fanirisoa Ernaivo, la présidente du syndicat.
«Ces impunités ont donné des mauvais exemples aux autres. Par exemple, un maire a été placé sous mandat de dépôt. Et plusieurs autorités, dont un sénateur, ont réclamé sa libération. Il a été remis en liberté. Nous réclamons donc que l’Etat prenne ses responsabilités pour assurer notre sécurité et notre indépendance », a-t-elle ajouté.
Réagissant à l’annonce de la grève, le ministre de la Justice, Charles Andriamiseza, a déclaré qu’il est «prêt à dialoguer et les discussions sont déjà en cours».
Pour être plus rassurant, il a souligné qu’«il n’y a pas de conflit interne ni une sorte de guerre intestine au sein de la Justice. C’est juste une différence de point de vue», ajoutant que «cette différence de point de vue ne devrait pas être un moyen d’entreprendre une grève».
La colère des magistrats est montée d’un cran depuis l’affaire Claudine Razaimamonjy, cette conseillère spéciale du président de la République, poursuivie, entre autres, pour détournement de fonds, et qui serait hospitalisée depuis l’annonce de sa mise en détention provisoire.