Plusieurs ONG tunisiennes et internationales ont appelé mercredi les autorités de la Tunisie à retirer le projet de loi portant visant à protéger de «façon excessive» les forces de l’ordre du pays.
Pour ces ONG, ce projet de loi est «extrêmement dangereux» pour la transition démocratique et «pose tout simplement les jalons d’un Etat dictatorial et policier».
Pourtant ce projet, élaboré en 2015, avait été déjà mis au placard en raison des critiques qu’il avait suscitées. Mais les autorités ont jugé bon de le ressusciter suite à la mort, récemment, d’un policier brûlé par des cocktails Molotov lancés par des protestataires.
Le texte a été de nouveau, soumis pour examen à une commission parlementaire.
Les ONG dénoncent plusieurs articles contenus dans le projet de loi. S’attaquant à l’immunité spéciale à accorder aux agents des forces de l’ordre, Heba Morayef, directrice de la recherche pour l’Afrique du nord à Amnesty International, craint que cette prérogative leur donne le droit d’utiliser la force létale sans crainte d’être poursuivis.
Amna Guellali, directrice du bureau de Human Rights Watch en Tunisie, pour qui plusieurs mesures seraient trop floues et liberticides, l’adoption de ce projet de loi serait dramatique pour la démocratie en Tunisie. «Ce serait une institutionnalisation de la culture de la dictature», soutient-elle.
Le président du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT), Néji Bghouri estime que ce texte de loi constitue une atteinte à la liberté d’expression et de manifestation.
Dans ce cadre, des ONG considèrent que le projet de loi menace le travail des journalistes, des défenseurs des droits humains et des lanceurs d’alerte.