Le président algérien Abdelaziz Bouteflika a évincé son Premier ministre Abdelmadjid Tebboune, trois mois après sa nomination à la tête du gouvernement, a annoncé mardi dans un communiqué, la présidence de la république.
«Le Président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a mis fin aux fonctions du Premier ministre Abdelmadjid Tebboune», indique le communiqué, précisant qu’«après consultation de la majorité parlementaire, le Président de la République a nommé M. Ahmed Ouyahia, Premier ministre».
Le torchon brûlait ces derniers jours entre Bouteflika et Tebboune qui manifestement avaient des visions divergentes sur la gestion de certaines affaires. Pour certains observateurs, l’ex-premier ministre qui voulait faire une «séparation entre l’argent et le pouvoir», s’est attiré les foudres du pouvoir en s’attaquant à certaines entreprises cultivant des rapports étroits avec de hauts responsables politiques du pays.
Selon les mêmes observateurs c’est le bras de fer entre le chef du gouvernement évincé et le président du Forum des Chefs d’Entreprises (patronat algérien), Ali Haddad, très proche de Said, l’influent frère cadet du président Bouteflika.
Dans les coulisses du palais d’el Mouradia on ne cache plus l’ambition de Said Bouteflika de succéder à son frère Abdelaziz qui est cloué dans son fauteuil roulant depuis qu’il a été victime en 2013 d’un accident vasculaire cérébral (AVC) qui lui a fait perdre son pouvoir de mobilité et de locution.
D’ailleurs, la presse locale a fait récemment écho d’une correspondance, «sévère», adressée par le chef de l’Etat à son Premier ministre, dans laquelle il s’emportait contre les mesures du gouvernement prônant la limitation des importations de nombreux produits. Ces mesures auraient provoqué la colère des influents hommes d’affaires locaux et à leur t^te Ali Haddad.
Surnommé dans son pays «Monsieur sale besogne», le nouveau chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia 65 ans, était jusqu’ici chef de cabinet du président. Il est le leader du Rassemblement national démocratique (RND), deuxième formation politique en Algérie et allié crucial du Front de libération nationale (FLN, parti au pouvoir depuis l’indépendance du pays en 1962). Il a déjà occupé trois fois le poste de premier ministre entre 1995 et 2012 et ses mandats ont été marqués par la mise en œuvres des réformes exigées par le Fonds monétaire international (FMI).