Les attentats terroristes perpétrés la semaine dernière en Espagne et en Finlande continuent à faire couler beaucoup d’encre dans les médias internationaux qui ne cessent de citer l’origine marocaine des terroristes, alors que ces derniers se sont pourtant radicalisés dans leur pays d’accueil.
Un amalgame qui nourrit le sentiment de stigmatisation et qui représente un danger pour l’ensemble des Marocains vivant paisiblement en Europe. Après les attaques terroristes perpétrées à Barcelone et Cambrils -faisant au total 15 morts et une centaine de blessés – la presse internationale n’a cessé de rappeler à l’opinion publique la nationalité marocaine des assaillants.
Pourtant, les experts sont unanimes à rappeler que «la plupart des terroristes impliqués dans les attentats de Barcelone ont quitté le Maroc à un âge précoce», soulignant que dans ce cas de figure, le Maroc ne peut en être l’origine et que la radicalisation de ces individus relève de la responsabilité des pays d’accueil.
Soupçonné d’avoir été la tête pensante des attentats de Barcelone, l’ancien Imam de Ripoll, Abdelbaki Es-satty, est arrivé en 2002 en Espagne où il aurait commencé à «fricoter avec des terroristes», en 2003 et 2005, notamment en fréquentant l’Algérien Belgacem Belil, qui s’était immolé en Irak en novembre 2003 et Mohamed Mrabet, condamné pour les attentats de Madrid en 2004, rappelle le quotidien français Libération.
De son côté, le journal français Le Canard explique que l’imam Es-Satty aurait ensuite été interpellé en 2010 en possession de 12 kilos de Haschich, puis incarcéré dans la prison de Castellon, près d’Alcanar, jusqu’en 2014, avant de s’installer à Ripoll en 2015 avec l’idée de «créer une cellule terroriste pour cibler Barcelone».
Dans un entretien accordé à la chaîne TV marocaine 2M, Abdellah Rami, chercheur au centre marocain des sciences sociales, estime que «le cas d’une minorité (une dizaine de terroristes) ne peut être généralisé à tous les Marocains», rappelant que 240.000 ressortissants marocains vivent en Catalogne.
Il s’agit d’un «dangereux raccourci», prévient Rami précisant que ces personnes sont le produit de la société dans laquelle ils ont grandi. Et le chercheur de souligner qu’«il ne faut pas oublier que les groupes extrémistes ciblent les individus démunis, souffrant de crises identitaires».
Pour rappel, les dirigeants espagnols ne ratent aucune occasion pour se féliciter de l’excellent niveau de la coopération sécuritaire entre le Maroc et l’Espagne, aussi bien en matière de lutte contre le terrorisme que dans l’échange de renseignements, ce qui a permis aux deux pays d’avorter de nombreux projets terroristes.