Un rapport du groupe d’études sur le Congo (GEC, dépendant de l’université de New York) indexe les groupes rebelles, mais aussi les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) dans les massacres de masse perpétrés contre des civils entre 2014 et 2016 à Beni, un territoire du Nord-Kivu, à l’est du pays.
Le document s’est basé sur près de 250 entretiens avec des victimes, des témoins, voire des auteurs de ces massacres, durant la période 2015-2017. Il note que les violences de 2014 sont à classer à l’actif des Forces démocratiques alliées (ADF, une rébellion musulmane ougandaise réfugiée au Congo depuis les années 90) et de leurs alliés.
Mais le rapport souligne aussi le rôle du général Muhindo Akili Mundos et d’autres officiers de l’armée congolaise qui auraient, par la suite, utilisé des groupes rebelles pour tuer des civils.
«L’armée congolaise s’est aussi impliquée dans les tueries dans son effort de coopter et affaiblir ses rivales. Ce changement de stratégie s’est produit au moment où la coordination de la campagne militaire Sukola I est passée au Général Muhindo Akili Mundos, à la fin du mois d’août 2014 ; Mundos fut donc impliqué personnellement dans l’organisation et dans l’exécution des tueries», explique le rapport.
Mundos est un officier supérieur, proche du président Joseph Kabila. Tout comme les autorités congolaises, il a démenti son implication dans les massacres à Beni. Son nom avait déjà été cité, en 2016, dans un autre rapport de l’ONU pour les mêmes faits. Depuis, il est sous sanctions de l’Union européenne.
Les massacres de Beni avaient coûté la vie à au moins 800 personnes (dont des femmes, des enfants et des vieillards) et forcé plus de 180 000 personnes à fuir la région. Pour le GEC, le rôle de l’armée congolaise dans cette crise doit faire l’objet d’investigations de la part du bureau du procureur militaire et de l’Assemblée nationale congolaise.