Une résolution adoptée par le Conseil des droits de l’homme des Nations unies, ce jeudi, concernant le Burundi a suscité des critiques. Le texte prévoit l’envoi au Burundi de trois experts qui travailleront en collaboration avec les autorités burundaises sur les crimes contre les droits de l’homme commis dans le pays, alors que des organisations internationales demandaient des enquêtes indépendantes.
Les investigations qui seront menées par les experts, en association avec le pouvoir burundais, devraient aboutir à «établir la vérité et à veiller à ce que les auteurs de crimes déplorables soient traduits devant les autorités judiciaires du Burundi». Mais les organisations de défense des droits de l’homme, ainsi que des diplomates occidentaux n’y croient pas, estimant que Bujumbura ne permettra pas que ses hauts responsables soient incriminés.
En effet, un rapport fourni récemment par une commission d’enquête mandatée par le Conseil des droits de l’homme, il y a un an, révèle que des exécutions extrajudiciaires et autres crimes, auraient été commis par les forces de défense et de sécurité burundaises contre des opposants et des défenseurs des droits de l’homme. La commission avait recommandé que la Cour pénale internationale (CPI) se saisisse du dossier, compte tenu de «l’absence d’indépendance de la justice nationale».
L’ONG Human Rights Watch s’est dit profondément déçu que le Conseil ait adopté «une résolution faible qui ne reflète pas la gravité de la situation». L’ambassadeur de Lettonie, Janis Karklins, s’exprimant au nom de l’Union européenne, a déclaré que «les garanties d’indépendance et d’impartialité ne sont pas réunies».
La résolution onusienne a été par contre bien accueillie au Burundi où les autorités assurent avoir réalisé des progrès importants en matière de consolidation de l’Etat de droit et de lutte contre l’impunité. Bujumbura a toujours dénoncé les rapports internationaux et crié au complot occidental.
Notons que ce vendredi le Conseil devrait débattre à nouveau du Burundi. Les Occidentaux réclament le renouvellement du mandat de la commission d’enquête pour une année, même si Bujumbura n’est pas prête à l’accueillir à nouveau.
Les pressions se multiplient pour que la CPI ouvre de toute urgence une enquête sur les crimes contre l’humanité au Burundi, avant que ce pays ne se retire effectivement du Statut de Rome le 27 octobre prochain, soit une année après la décision de Bujumbura de claquer la porte de l’institution internationale.