Amnesty International s’est insurgé contre la répression discriminatoire lancée par les autorités algériennes à l’encontre de plus de 2.000 migrants originaires de divers pays d’Afrique subsaharienne, qui ont été expulsés de force vers les Etats voisins du Niger et du Mali au cours des trois dernières semaines.
L’ONG informe que 300 mineurs, dont au moins 25 enfants non accompagnés figurent parmi ces expulsés. D’après elle, les arrestations des migrants «se fondaient sur le profilage ethnique», dans la mesure où il ne leur était pas demandé des papiers justifiant leur séjour en Algérie. Certains migrants qui avaient pourtant des visas en cours de validité, ont été également expulsés.
«Rien ne saurait justifier d’arrêter et d’expulser de force des centaines de personnes en fonction de leur couleur de peau ou de leur pays d’origine présumé. Il s’agit d’un cas flagrant de profilage ethnique de grande ampleur, a martelé Heba Morayef, directrice des recherches pour l’Afrique du Nord à Amnesty International.
Ce n’est pas la première fois que l’Algérie procède à des expulsions collectives sans respecter les procédures légales, note Amnesty qui précise que «les expulsions collectives qui ne respectent pas les garanties d’une procédure régulière vont à l’encontre des normes internationales et de la Loi algérienne n° 08-11 de 2008».
L’ONG a invité les autorités algériennes de mettre un terme, de toute urgence, à ces arrestations et expulsions illégales. Elle a également invité à lutter contre la discrimination ethnique dans le pays et à réformer les lois sur les conditions de séjour des travailleurs migrants en Algérie.
La semaine dernière, le ministre algérien de la Justice a déclaré que l’Algérie «n’a pas fermé ces portes aux migrants» et mais elle «œuvre à protéger ses frontières et à sécuriser le pays».
Etant donné que les expulsés sont, pour la plupart des cas, dirigés vers les frontières malienne et nigérienne, le Conseil supérieur de la diaspora malienne a dénoncé dernièrement les conditions inhumaines de rapatriement. Quant au Niger, le gouvernement se demande pourquoi Alger oriente des migrants, même d’autres pays, vers son territoire, alors qu’ils devraient «tous être envoyés chez eux par des moyens appropriés».
Même le président de la Ligue Algérienne pour la Défense des Droits de l’Homme (LADDH), Me Saleh Dabouz, s’est insurgé contre le caractère « raciste » d’une instruction ministérielle interdisant les migrants clandestins dans les transports publics.