La grève générale illimitée des magistrats qui est entrée dans sa phase active ce jeudi 14 décembre, est très bien suivie sur l’ensemble du territoire gabonais, d’après le Syndicat national des magistrats du Gabon (Synamag).
Le président du Synamag, Germain Nguéma Ella, a affirmé que «plusieurs usagers sont arrivés au palais de justice ce jeudi matin. Nous avons fait preuve de pédagogie et tout le palais s’est vidé vers 11 heures», ajoutant que la même situation a été observée à l’intérieur du pays.
Les magistrats dont certains ont été traités de corrompus par le ministre de la Justice, Francis Nkéa Ndzigue, exigent son départ et sont déterminés à observer l’arrêt du travail jusqu’à la démission du Garde des sceaux.
L’affaire remonte à début décembre lorsque le ministre de la Justice a convoqué dans son bureau une juge d’instruction pour lui ordonner de faire arrêter et emprisonner un prévenu qu’elle a laissé en liberté provisoire. Ndzigue aurait menacé de suspendre cette juge de ses fonctions et la faire arrêter si elle n’exécutait pas ses ordres.
La juge, offensée, a saisi le Synamag qui, lui, a dénoncé l’immixtion du ministre dans les procédures judiciaires, lors d’un point de presse. C’est cette sortie médiatique du syndicat qui a poussé le garde des sceaux à vouloir mettre les points sur les «i». Se basant sur différents faits, il a souligné que la juge a été «grossièrement corrompu» par un justiciable poursuivi pour association de malfaiteurs.
Dans ce dossier où 15 personnes sont poursuivies, seul leur chef de file a bénéficié d’une liberté provisoire, a déploré le ministre pour qui «la corruption des magistrats est un fléau social auquel les Gabonais sont quotidiennement confrontés».
En plus de leur grève, les magistrats ont aussi demandé au chef de l’Etat Ali Bongo de démettre ce ministre de ses fonctions, ne le reconnaissant plus comme leur chef hiérarchique, pour l’intérêt de la justice du pays. Ils envisagent porter plainte contre le Garde des sceaux pour «pour outrage, injures et diffamation».