Une enquête menée conjointement par Radio France internationale (RFI) et l’agence Reuters, et publié ce mercredi, a révélé que des agents de l’Etat, en République démocratique du Congo (RDC), ont joué un rôle dans la mort de deux experts de l’ONU dans la province du Kasaï, en mars dernier.
L’enquête qui s’appuie sur différents éléments, dont des relevés téléphoniques présents dans le dossier d’instruction, cite quatre agents de l’Etat congolais et alliés, notamment deux colonels de l’armée congolaise, un «informateur» de l’Agence nationale de renseignements (ANR) et un ancien agent.
«Trois agents de l’Etat et affiliés sont directement impliqués dans l’organisation de la mission qui a coûté la vie aux experts. Ils leur ont fourni les moyens matériels et humains pour se rendre à Bunkonde. Certains leur ont aussi menti sur les conditions de sécurité du lieu où ils se rendaient, comme le prouve l’enregistrement de Zaida Catalan lors d’une réunion la veille de sa mort», explique un journaliste de RFI, Sonia Rolley.
L’Américain Michael Sharp et la Suédoise Zaida Catalan, deux experts mandatés par le Conseil de sécurité des Nations Unies, enquêtaient sur les violences dans le Kasaï, province en plein cœur de la RDC qui était alors en proie à des affrontements meurtriers entre les forces gouvernementales et la milice du chef coutumier Kamwina Nsapu (tué en août 2016).
Ce double assassinat avait été filmé sur un téléphone portable et largement diffusé sur les réseaux sociaux, provoquant de vives réactions à travers le monde. Les enquêtes déjà menées par le gouvernement congolais et l’ONU, mettant en cause des miliciens qui auraient volé et tués les deux experts, n’ont pas encore tout à fait étanché la soif de la vérité.