Les magistrats du Benin ont entamé, ce lundi 8 janvier, une grève de cinq jours pour protester contre la suppression du droit de grève de leur corporation, paralysant les tribunaux sur toute l’étendue du territoire national.
Cette loi du retrait de droit de grève aux magistrats a été votée le 2 janvier par les députés, estimant que le personnel de justice abuse de son droit de grève et porte préjudice aux justiciables. Inadmissible pour le président de l’Union nationale des magistrats du Bénin, Michel Adjaka, qui pense que «le droit de grève, au Bénin, est un droit constitutionnel» et que «le législateur n’intervient que pour encadrer la jouissance de ce droit». Pour le porte-parole de l’Union, Freddy Yehouessi, «c’est une question de survie et de défense des libertés chèrement acquises à coup de sacrifice».
Les magistrats s’en prennent aussi à l’actuel ministre de la justice, Joseph Djogbenou, instigateur de la loi, alors qu’en 2014 il s’était illustré par des actions musclées pour dire non lorsque l’Assemblée nationale avait déjà tenté de retirer le droit de grève aux magistrats.
Jadis «symbole de la résistance», Djogbenou, qualifié désormais d’un homme sans convictions capable de remettre en cause ses aspirations profondes, s’est défendu en mettant en avant la volonté du gouvernement au respect de la loi si la cour constitutionnelle la déclarait conforme à la Constitution.
Les avocats, pour leur part, appellent les deux parties à s’asseoir autour d’une table de négociations pour ne pas continuer à pénaliser les populations. Selon la presse locale, seul le parquet fonctionne normalement pour régler les urgences.
La balle est maintenant dans le camp de la Cour constitutionnelle qui doit trancher sur la conformité de la disposition votée à la loi sur la magistrature. La loi interdisant le droit de grève touche aussi les militaires, gendarmes, policiers et les personnels de la santé. Le collectif des syndicats de la santé a aussi décidé, samedi, à l’unanimité, de démarrer une grève générale à partir du 15 janvier.