L’aviation militaire de l’armée du Nigeria est accusée, par Amnesty international, d’être responsable de la mort d’au moins 35 personnes dans l’Etat de l’Adamawa (nord-est du Nigeria) qui est secoué par des violences intercommunautaires.
Alors que l’armée était intervenue, pour mettre fin à des affrontements entre cultivateurs et éleveurs dans cet Etat, le 4 décembre dernier, ses tirs de semonce de roquettes auraient causé la mort d’au moins 35 personnes civiles, a indiqué l’organisation de défense des droits de l’homme dans un rapport rendu public ce mardi.
Au lendemain des raids de l’armée, une équipe d’Amnesty s’était rendue dans les villages touchés et avait recueilli des témoignages des habitants qui lui ont confié avoir été pris pour cibles par des avions militaires alors qu’ils tentaient de fuir leur village.
Pour l’ONG, la réaction des autorités d’Abuja face à ces violences intercommunautaires, est «totalement inadaptée, trop lente, inefficace et, dans certains cas, illégale». «Les frappes aériennes ne sauraient être considérées comme un moyen légitime d’application des lois», martèle Amnesty.
Le porte-parole de l’armée de l’air, Olatokunbo Adesanya a nié ces accusations, et qualifié d’«allégations sans fondements et de mensonges» le rapport d’Amnesty, tout en précisant que l’aviation n’a jamais été utilisée pour le conflit entre éleveurs et cultivateurs.
Les violences entre des éleveurs nomades musulmans et les communautés chrétiennes, composées majoritairement d’agriculteurs, sont régulières et liées au partage de la terre. Les affrontements sont souvent meurtriers. Ils auraient fait 168 morts depuis le début de cette année et quelque 550 morts en 2017.
«Il faut que l’Etat réagisse d’une manière complètement différente à ces affrontements meurtriers afin d’éviter que la crise ne devienne incontrôlable. Il doit enquêter et traduire les suspects en justice, a déclaré Osai Ojigho, directrice d’Amnesty International Nigeria.
Amnesty International est persuadée que les autorités nigérianes ne protègent toujours pas convenablement la population et les meurtriers ne sont pas inquiétés.