Le Premier ministre éthiopien, Hailemariam Desalegn a présenté jeudi sa démission, alors que la coalition au pouvoir, l’EPRDF fait face à des tensions internes suscitées par des manifestations anti-gouvernementales meurtrières.
«Les manifestations et la crise politique ont conduit à la perte de beaucoup de vies et au déracinement de nombreux Ethiopiens»,a déploré Desalegn dans une allocution télévisée. Il a fait savoir que sa démission était «indispensable pour mener à bien les réformes qui conduiront à une paix durable et à la démocratie».
Dans la foulée, Desalegn, qui dirige le pays depuis 2012, a aussi renoncé à sa casquette de président de la coalition EPRDF.
L’Ethiopie a connu ces dernières années d’importantes manifestations contre le gouvernement. Elles sont surtout l’expression de la révolte des Oromo et des Amhara, les deux principales ethnies du pays, contre la minorité des Tigréens (6% de la population) qui détient le pouvoir.
Environ 940 personnes ont été tuées depuis le début des manifestations, il y a trois ans, d’après les chiffres livrés par le gouvernement.
Le Premier ministre avait promis, début janvier, de rendre la liberté à un certain nombre d’hommes politiques détenus, en faveur du « consensus national ». Ce qui a été effectivement fait. Des centaines de prisonniers ont été libérés en quelques semaines, parmi lesquels des opposants politiques et des journalistes accusés par les autorités d’encourager les marches qui ont ébranlé le pays.
Selon certains observateurs, la démarche de Hailemariam n’a pas été approuvée par certains membres de la coalition, d’où son départ précipité. Différents courants s’affronteraient au sein de la majorité sur la manière de gérer la crise dans le pays.