Le procès du coup d’Etat manqué de septembre 2015 au Burkina Faso a été suspendu ce mardi 27 février et reporté à mi-mars, alors que l’audience venait à peine de s’ouvrir.
Moins de quatre heures après son ouverture, le procès a été suspendu à cause du retrait de tous les avocats de la défense. Ceux-ci ont quitté la salle, protestant contre la légitimité du tribunal militaire dont le décret qui nomme son président n’est pas encore en vigueur. Le texte est paru dans le Journal officielle 22 février dernier et la loi prévoit qu’il ne peut entrer en exécution que huit jours après sa publication.
« Nous nous sommes retirés parce que la juridiction devant laquelle cette affaire est jugée n’est pas légale », a expliqué Me Michel Traoré, un des avocats de la défense, pour qui le décret portant sur les membres du tribunal devait être publié dans un délai de huit jours pour qu’il soit effectif. La défense a remis aussi en cause la composition du tribunal.
Mais pour Me Guy-Hervé Kam, un des avocats des parties civiles qui a dénoncé une « manœuvre dilatoire » de la défense, « le retrait des avocats montre simplement la volonté des accusés de ne pas être jugés. Ils vont utiliser les moyens les plus hasardeux pour faire durer le procès ».
En tout, 84 personnes, dont les généraux Gilbert Diendéré et Djibrill Bassolé, cerveaux présumés du coup d’état manqué, devaient comparaitre devant la justice. Ces deux haut-gradés militaires étaient respectivement ancien chef d’état-major particulier de l’ex-président Blaise Compaoré, et ex-ministre des affaires étrangères.
La tentative de putsch avait fait 11 morts et plus de 270 blessés, selon un bilan officiel. Le procès devrait reprendre dans deux semaines.« Compte tenu de l’absence des avocats, l’audience est suspendue », a déclaré le président du tribunal, Seydou Ouedraogo, après les tractations et la sortie des avocats de la défense.