Les autorités béninoises ont suspendu le Conseil national de l’Ordre des pharmaciens, au lendemain de la condamnation à des peines de prison ferme, de plusieurs responsables de sociétés de distribution des médicaments.
«Le conseil des ministres a décidé de suspendre pour une période de six mois, l’Ordre des pharmaciens du Bénin, le temps de faire les réformes nécessaires dans le secteur», a fait savoir le ministre de la Justice Joseph Djogbenou, lors d’un point de presse, précisant qu’«il ne s’agit pas d’une dissolution mais d’une suspension».
Djogbenou a indiqué que « l’Ordre n’a pas pu assurer ses missions et l’Etat a décidé de prendre ses responsabilités» dans le cadre de sa lutte contre la vente de faux médicaments visant à assainir le secteur pharmaceutique.
L’un des principaux importateurs dans le pays, le laboratoire New Cesamex, «est désormais interdit d’activités au Bénin et ses produits seront retirés de toutes les officines», a annoncé le ministre.
Mardi 13 mars à Cotonou, la justice a condamné des grossistes répartiteurs de médicaments. Deux personnes ont été condamnées à six et dix-huit mois de prison ferme pour «trafic et vente illicite de médicaments», cinq autres ont écopé de quatre ans de prison ferme pour «vente de médicaments falsifiés, exposition, détention en vue de vente, mise en vente ou vente de substances médicamenteuses falsifiées».
Réagissant à ces condamnations, l’intersyndicale des pharmaciens du Bénin, réunie en Assemblée Générale le 14 mars, a soulevé des manquements dans la procédure d’importation des produits de santé.
Les pharmaciens ont déploré que la direction de la pharmacie soit depuis des années «défaillante» et la chambre de discipline «quasi-inexistante». «Il s’agit alors d’une responsabilité partagée entre les structures de contrôle de l’Etat et les grossistes répartiteurs mis en cause», affirme l’intersyndicale dans un communiqué de presse.
Tout en saluant les efforts du gouvernement pour nettoyer le secteur, les pharmaciens ont demandé à discuter des réformes nécessaires avec le ministre de la Santé et le Président Patrice Talon.
Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), les faux médicaments tuent près de 100.000 personnes chaque année en Afrique sub-saharienne.