Amnesty International a accusé, dans un rapport publié ce vendredi, les géants pétroliers Shell et ENI de cacher la vérité sur les causes de pollution des eaux dans la région pétrolière du Delta du Niger (sud-est du Nigeria), et exhorté les autorités nigérianes d’ouvrir une enquête sur les déversements d’hydrocarbures dans cette zone.
L’ONG de défense des droits de l’homme fait part de 89 fuites d’hydrocarbures qui auraient eu lieu sur des pipelines exploités par les filiales de ces groupes pétroliers dans cette région du Delta, notamment Shell Petroleum Development Company of Nigeria et Nigerian Agip OilCompany.
Amnesty déplore les manquements en lien avec la prise en charge de ces déversements d’hydrocarbures. ENI et Shell« mettent des semaines à réagir à des rapports faisant état de marées noires tout en publiant des informations trompeuses relatives aux causes et à la gravité de ces marées, ce qui peut avoir comme conséquence un dédommagement insuffisant pour les communautés affectées », souligne le rapport qui parle aussi d’une « grave négligence ».
Pour Amnesty, la pollution pourrait être due à la mauvaise maintenance des infrastructures et à la corrosion des oléoducs, plutôt qu’à des actes de vandalisme ou de sabotage des infrastructures commis par des « personnes-tiers »comme le prétendent les compagnies pétrolières. Shell et ENI accusent des groupes armés de percer les oléoducs pour ériger des raffineries illégales et vendre le pétrole au marché noir.
L’anglo-néerlandais Royal Dutch Shell a rejeté les accusations de l’ONG les qualifiant de « fausses, sans fondement ». L’italien ENI, lui, se défend de répondre de façon rapide aux fuites. Amnesty considère le Delta du Niger, l’épicentre de la production pétrolière du Nigeria, comme « l’un des endroits les plus pollués de la planète » qui a de conséquences graves sur l’environnement.