Le processus de réconciliation nationale en Côte d’Ivoire, a mal démarré avec la limitation du nombre des victimes auditionnées par la Commission dialogue, vérité et réconciliation (CDVR).
Les auditions qui ont été limitées à 83 victimes et auteurs des violences, ont débuté le 8 septembre et pris fin le 6 octobre, laissant derrière elles, le goût amer d’un travail inachevé.
Au départ, la CDVR comptait auditionner un bon nombre parmi les 63.000 victimes ou auteurs des crimes et promettait aussi que ces audiences publiques allaient être retransmises par la télévision nationale, mais il en a été autrement à la grande déception des victimes.
«Le bilan, pour nous, est catastrophique » a martelé le président du Collectif des victimes en Côté d’Ivoire, Issiaka Diabi, qui ne cache pas sa grande déception. Contrairement à ses fondamentaux, la CDVR a réussi à « accentuer l’état traumatique des victimes », ajoute-t-il, affirmant que la Commission a failli dans sa mission.
Pour le chef de cette association, les auditions de la CDVR «n’aideront pas à tourner la page des violences politiques en Côte d’Ivoire » et les témoignages de 80 personnes ne peuvent traduire dans les faits les préoccupations de 63.000 victimes.
Pour rappel, ces victimes ont subi d’énormes préjudices et souffrances durant la décennie de crise politico-militaire qui a sérieusement déstabilisé le pays.
Faute d’avoir été reconnus et réparés, ces préjudices ont suscité chez les victimes de forts sentiments d’injustice et d’exclusion dans une société ivoirienne profondément divisée.
Partant de cet angle de vue, Issiaka Diabi estime que la réussite du processus de la réconciliation nationale demeure tributaire du dédommagement des victimes.
En revanche, le président de la CDVR, l’ex-Premier ministre Charles Konan Banny, qui reconnait que « le petit échantillon des témoins écoutés a suscité énormément d’émotion », appelle à des nouveaux comportements, pour parfaire la construction de la nation dans laquelle la violence sera absente.
Reste à savoir si les mesures qui seront prises seront suffisantes pour colmater les plaies des victimes et tourner définitivement cette page dans l’histoire de la Côte d’Ivoire.