L’homme d’affaires français Vincent Bolloré et des cadres de son groupe soupçonnés de corruption autour de concessions portuaires obtenues au Togo et en Guinée, ont été placés en garde à vue ce mardi, dans les locaux de la police judiciaire française de Nanterre.
Une information judiciaire a été ouverte contre les mis en cause, pour «corruption d’agents publics étrangers». La justice veut savoir si le groupe Bolloré a utilisé les activités de conseil politique de son agence de communication Havas, pour se voir attribuer la gestion des ports de Lomé, et de Conakry, via une de ses filiales, Bolloré Africa Logistics.
Havas s’était occupé en 2010 d’une partie de la campagne présidentielle du guinéen Alpha Condé. La même année, le togolais Faure Gnassingbé, candidat à sa propre réélection, avait confié une partie de la communication de sa campagne à l’agence.
Il est ainsi question de déterminer si les conseils prodigués par Havas lors de ces campagnes électorales victorieuses ont facilité l’octroi à Bolloré AfricaLogistics des concessions portuaires de Lomé (en 2010) et de Conakry (en 2011).
Les magistrats soupçonnent les hauts cadres du groupe d’avoir utilisé Havas pour faciliter la victoire des candidats présidentiels dans les deux pays concernés, en assurant des missions de conseil et de communication sous-facturées, avec pour seule motivation de s’accaparer des concessions portuaires.
Dans un communiqué, le groupe Bolloré qui a démenti ces allégations, a affirmé que « le lien qui tente d’être fait par certains entre l’obtention de ces concessions et les opérations de communication est dénué de tout fondement économique et révèle une méconnaissance lourde de ce secteur industriel ».
« Les concessions obtenues au Togo l’ont été en 2001, bien avant l’entrée du groupe dans Havas et en Guinée, en 2011, à la suite de la défaillance du numéro un (le groupe étant arrivé en seconde position lors de cet appel d’offres), défaillance constatée avant l’élection du président», a-t-il poursuivi.
Le responsable de Havas, Jean-Philippe Dorent, et Gilles Alix, directeur général du groupe Bolloré, ont également été placés en garde à vue.