La réponse du gouvernement camerounais n’a pas tardé après l’appel, lancé vendredi 18 mai, par les Etats-Unis qui invitaient le président Paul Biya de «réfléchir à son héritage» avant la présidentielle prévue en fin d’année. Le gouvernement de Yaoundé a dénoncé une «infantilisation de la nation camerounaise».
«Nous n’acceptons pas l’infantilisation de la nation camerounaise. C’est en toute connaissance de cause qu’ils (les Camerounais) mettent leur bulletin dans l’urne», a fait savoir le porte-parole du gouvernement camerounais, Issa Tchiroma Bakary.
Bakary, également ministre de la Communication, a rappelé que le peuple camerounais est « souverain », et n’est « pas disposé à accepter un quelque diktat que ce soit de la part de telle ou telle puissance ».
L’exhortation américaine qui a provoqué la colère des autorités camerounaises, venait précisément de la représentation des Etats-Unis à Yaoundé.
Dans un communiqué, l’ambassadeur américain au Cameroun, Peter Henry Barlerin, aurait « suggéré au président qu’il devrait réfléchir à son héritage et à comment il veut que l’on se souvienne de lui dans les livres d’histoire ».
De même, il l’a exhorté de « faire comme Nelson Mandela et George Washington », des anciens présidents sud-africain et américain qui avaient, tous les deux, faciliter la transition politique dans leurs pays.
Par rapport à l’« histoire » évoquée par l’ambassadeur américain, le porte-parole a martelé que le président Biya « entrera dans l’histoire par la grande porte, parce qu’il est conscient de sa responsabilité ». Selon, lui, le chef de l’Etat « ne s’écoule pas une seconde sans qu’il ne pense à l’avenir » de son pays.
Enfin, Bakary a rassuré que Paul Biya est « soucieux (…) de la lecture qu’on fera de lui une fois qu’il aura organisé sa succession le moment venu ».
Dans son communiqué, Barlerin s’est aussi prononcé sur la crise sécessionniste qui sévit dans les zones anglophones du pays. Le diplomate américain a accusé et le gouvernement de Yaoundé, pour les assassinats ciblés entre autres, et les indépendantistes pour les «meurtres de gendarmes» et «enlèvements de fonctionnaires».
Paul Biya, au pouvoir depuis 1982, ne s’est pas encore prononcé sur sa candidature à la présidentielle.