Le Sénégal occupe la tête de liste des pays ouest-africains qui excellent dans les violations de la liberté d’expression, selon un classement établi par la Fondation des médias pour l’Afrique de l’Ouest, dans son rapport trimestriel couvrant la période avril-mai-juin 2018.
D’après ce rapport consacré à la situation de la liberté d’expression dans 13 pays de l’Afrique de l’Ouest, le Sénégal compterait huit sur les 40 cas de violations recensés pendant l’enquête.
Des arrestations d’opposants lors de la manifestation contre le parrainage le 19 avril dernier, la répression policière de la grève des élèves du lycée Malick Sy de Thiès, le 23 avril, et l’assassinat de l’étudiant Fallou Sène survenu le 15 mai lors des affrontements entre forces de l’ordre et étudiants, sont certains cas de violations relevés par la Fondation, qui cite aussi le cas d’agression des journalistes dans le cadre des manquements recensés.
Selon certains observateurs, le Sénégal présente un visage très contrasté dans le domaine de la liberté d’expression. Si cette liberté est garantie par la Constitution de 2001, l’arsenal juridique datant de 1965 serait plutôt répressif.
Le 6 juin dernier, un «projet de loi portant code des communications électroniques» a été adopté par le gouvernement en conseil des ministres. Des professionnels des médias estiment que cette loi comporte des dispositions qui mettent en péril un internet ouvert et libre dans le pays.
Avec un tel projet, l’Autorité de Régulation des Télécommunications et des Postes (l’ARTP) et les opérateurs pourront décider, selon eux, de ce que les Sénégalais doivent voir et faire sur Internet, ce qui constitue un frein à la liberté d’expression et au libre accès à l’information.
Ces spécialistes craignent également que cette loi puisse constituer un obstacle au développement de l’économie numérique, et particulièrement, la promotion des entreprises locales qui dépendent du numérique.