Des villageois au Gabon sont montés au créneau contre les entreprises forestières qu’ils accusent de ne pas respecter la loi du pays préconisant le financement des projets communautaires.
Dans le village d’Essong Medzome, à proximité d’Oyem, dans le nord du Gabon, les habitants revendiquent leurs droits face à une grande entreprise asiatique qui y exploite la forêt mais qui, en échange, n’a versé aucun sou pour l’aide au développement local. Dans le cahier des charges liant les deux parties, les habitants avaient demandé la construction d’une école et d’un centre de santé.
D’autres villages confrontés à la même situation appellent également à l’application de la loi. Depuis 2014, la loi gabonaise oblige les sociétés forestières à financer des projets décidés par les populations locales, en guise de dédommagement pour les autochtones.
Pour leur part, les entreprises indexent, entre autres, des lenteurs administratives pour justifier leur retard dans la conformité à la loi. Mais selon certains observateurs locaux, la corruption serait également à l’origine de ces conflits entre les forestiers et les villageois. Certaines compagnies auraient choisi de donner des enveloppes aux autorités locales au lieu de financer des projets.
Les entreprises forestières sont également, depuis quelques semaines, sous le coup des autorités de Libreville qui leur a imposé de s’engager dans un processus de certification du Forest Stewardship Council (FSC). 2022 a été fixée comme année butoir pour retirer les permis forestiers des opérateurs qui n’auront pas suivi les instructions gouvernementales.
Pays pétrolier d’Afrique centrale recouvert par 85% de forêts, le Gabon s’est lancé dans un plan de diversification économique et dans l’industrialisation de sa filière bois qui représente près de 5% du PIB national. Le pays compte plus de 150 opérateurs forestiers sur son territoire.