La Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH), la Ligue ivoirienne des droits de l’Homme (LIDHO) et le Mouvement ivoirien des droits humains (MIDH) ont demandé au président ivoirien Alassane Ouattara de retirer son ordonnance 2018/669 du 6 août 2018 portant amnistie de quelque 800 Ivoiriens en vue de «garantir le droit à la justice des victimes», d’après un communiqué conjoint publié jeudi par les trois organisations.
Les trois ONG avaient déposé leur recours auprès du gouvernement le 5 octobre dernier. Elles ont décidé de rendre public son contenu, à l’occasion de la journée nationale de la Paix en Côte d’Ivoire, célébrée ce jeudi 15 novembre, une façon de faire également pression aux autorités ivoiriennes.
Les Ivoiriens amnistiés par Ouattara au nom de la «réconciliation nationale», étaient poursuivis ou condamnés dans le cadre de la crise postélectorale de 2010-2011 qui avait fait environ 3.000 morts.
Les trois organisations défendent le fait que la paix durable en Côte d’Ivoire passera plutôt par la poursuite des auteurs des crimes les plus graves. « Les précédentes amnisties de 2003 et 2007 n’avaient pas empêché la perpétration de nouveaux crimes graves », rappellent-elles.
« Cette décision d’amnistie est inacceptable car elle est illégale, mais aussi parce qu’elle vise à anéantir les espoirs de justice des victimes qui ont participé depuis 2011 aux procédures judiciaires engagées. Plusieurs dizaines de responsables présumés ont déjà été inculpés. Tirer un trait sur les responsabilités, ce n’est pas consolider la paix (…) mais plutôt préparer les tensions de demain », souligne le communiqué.
Les ONG envisagent « tous les recours, en Côte d’Ivoire, mais aussi devant les juridictions régionales et internationales, voire devant des juridictions nationales étrangères ». Pour elles, « les auteurs des crimes de 2010-2011 ne sauraient rester impunis. Et, dans tous les cas, cette amnistie contraire au droit international ne serait pas opposable aux poursuites devant la Cour pénale internationale ni devant d’autres juridictions ».
Soulignons que Simone Gbagbo, l’épouse de l’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo, actuellement jugé par la CPI, figurent parmi les Ivoiriens amnistiés. Elle purgeait une peine de 20 ans de prison dans son pays pour « atteinte à la sûreté de l’Etat » et avait déjà passé sept ans de détention.