La République démocratique du Congo (RDC) a, par la voix de son ministre chargé des Affaires étrangères, invité « instamment le Conseil Européen à procéder impérativement, dans les 48 heures, au rappel de son Chef de mission » dans le pays.
« Cette mesure, d’une part, sanctionne le comportement répréhensible de l’intéressé et d’autre part, s’inscrit dans le cadre de la réciprocité », en lien avec le renouvellement des sanctions de l’Union européenne (UE) à l’encontre des personnalités congolaises, a précisé She Okitundu, dans une déclaration faite ce jeudi depuis son ministère à Kinshasa. Des diplomates occidentaux, dont le chef de mission de l’UE, le Belge Bart Ouvry, étaient convoqués à ce point de presse.
Le chef de la diplomatie a rappelé qu’il avait demandé au Conseil européen de lever ou suspendre ses « sanctions infligées unilatéralement » au moins « jusqu’à la tenue des élections générales en RDC ». Il a regretté que l’UE reste sourde aux appels insistants des autorités congolaises. « Ce plaidoyer, patiemment engagé, demeure sans écho surtout après le renouvellement desdites mesures par le Conseil européen de ce mois de décembre 2018 », a-t-il déclaré.
L’Union européenne avait annoncé le 10 décembre dernier la prolongation de ces sanctions pour un an, jusqu’en décembre 2019, tout en précisant que « le Conseil réexaminera à nouveau les mesures restrictives compte tenu des élections en RDC et se tient prêt à les adapter en conséquence ».
Emmanuel Ramazani Shadary qui défendra les couleurs du camp au pouvoir à la présidentielle du 30 décembre prochain, figure parmi les personnes sanctionnées, accusés de violations des droits de l’homme.
La diplomatie congolaise avait déjà averti qu’en cas de maintien des sanctions, prises depuis début 2017, Kinshasa se réserverait « son droit souverain d’user du principe de réciprocité régissant les relations internationales pour recourir à des mesures de rétorsion ».
Le gouvernement du président Joseph Kabila reste convaincu que les mesures de l’UE violent le droit international et portent atteinte aux droits fondamentaux des personnalités concernées.
L’Union européenne a déploré jeudi la décision de Kinshasa qu’elle a jugé de « totalement injustifiée ». « A la veille d’élections très difficiles en RDC, une telle décision ne peut être considérée que comme contre-productive », a déclaré le porte-parole de l’UE.