Des langues se sont déliées au niveau des organisations de défense des droits de l’homme depuis que les manifestations ont proliféré au Zimbabwe contre la hausse des produits de base notamment du carburant.
Ces ONG accusent le président Emerson Mnangawa de maintenir la mauvaise gouvernance, la corruption et les graves abus ayant caractérisé le régime de son prédécesseur Robert Mugabe.
« Il est aujourd’hui extrêmement troublant de voir que les mauvaises pratiques et l’usage disproportionné de la force contre des manifestants pacifiques continuent», regrette la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH), dans un contexte où la police et les forces armées zimbabwéennes sont accusées de réprimer violemment des manifestations lancées par les syndicats suite à la décision du chef de l’Etat, mi-janvier, d’augmenter de 150%, le prix des carburants.
«Depuis qu’Emerson Mnangawa a pris la tête du pays pour le reste du mandat de Robert Mugabe, et plus encore après les élections très controversées du 30 juillet 2018, le peuple Zimbabwéen n’a pas observé de changement politique concret», relève la FIDH.
Selon l’ONG, «sous le gouvernement de Mnangawa, les défenseurs des droits humains ont au contraire, continué à être attaqués (…) L’espace civique et les libertés fondamentales demeurent réduits».
La violente répression des manifestations, depuis la semaine dernière, aurait fait plus de douze morts et des dizaines de blessés par balles, d’après les chiffres communiqués par des ONG. Plus de 600 interpellations ont été effectuées, selon le ministère de la sécurité.
La société civile zimbabwéenne a dénoncé le silence de l’Union africaine et de l’organisation régionale et de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) devant la situation déplorable que traverse le pays.
Le président sud-africain, Cyril Ramaphosa a appelé la communauté internationale à lever les sanctions contre Harare pour permettre à l’économie zimbabwéenne de se redresser.
«S’il doit y avoir discussions sur une éventuelle aide financière pour le Zimbabwe, il va falloir évoquer la crise politique», a fait savoir un responsable de Human Rights Watch, demandant plutôt à l’Afrique du Sud de «faire preuve de leadership et insister pour que Harare respecte le droit de ses citoyens».