L’opposition zimbabwéenne a boudé mercredi, le dialogue politique national initié par le président Emmerson Mnangagwa, en exigeant la fin de la répression engagée contre la colère sociale.
Six mois après les vives tensions qui ont suivi son élection à la tête du pays, Mnangagwa avait convoqué mercredi ses adversaires au palais présidentiel, pour lancer un «dialogue national» censé favoriser l’apaisement entre les deux camps.
Mais «ce rassemblement» qui est selon le chef de l’Etat, «une étape importante qui doit rappeler la prépondérance du dialogue sur le conflit», a été boudé par son principal rival, le chef du Mouvement pour un changement démocratique (MDC), Nelson Chamisa.
Dans un communiqué, le MDC a estimé que seul un «médiateur indépendant» peut permettre un «véritable dialogue» entre les deux camps, suggérant qu’il s’engage par l’entremise de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC).
Le parti de l’opposition exige également une série de dix conditions préalables à ce dialogue, dont «la fin des violences» des forces de l’ordre et des «arrestations arbitraires», ainsi que la libération de «tous les prisonniers politiques», en lien avec la répression qui a suivi les violentes émeutes contre la hausse des prix des carburants.
«Ca fait quatorze mois que M. Mugabe a quitté la scène politique, mais ce que nous voyons en ce moment constitue une escalade (…) qui fait ressembler Mugabe a un enfant en matière de terreur», a déclaré la semaine dernière le leader du MDC, Nelson Chamisa.
Un autre parti hostile au régime, le Front patriotique national (NPF), composé d’exclus du parti au pouvoir, la Zanu-PF, a également boycotté la réunion de mercredi, qualifiée de «comédie» par son porte-parole Jealous Mawarire.
Emmerson Mnangagwa a été élu président dès le premier tour aux élections présidentielles de juillet dernier avec 50,8% des suffrages, contre 44,3% obtenus par Nelson Chamisa qui a d’ailleurs, contesté ces résultats, faisant état de fraudes, mais son recours en annulation a été rejeté par la justice.
Une manifestation de ses partisans, le 1er août, avait été dispersée dans le sang par les forces de l’ordre, faisant six morts.