Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, s’en est pris vivement au pouvoir égyptien et à son homologue Abdel Fattah al-Sissi, suite à l’exécution par pendaison, mercredi 20 février, de neuf hommes condamnés pour l’assassinat du procureur général égyptien en 2015.
«Dernièrement, ils ont tué neuf jeunes gens. Ce n’est pas quelque chose qu’on peut accepter», a affirmé Erdogan au cours d’un entretien avec des chaînes de télévision turques CNN-Türk et Kanal D.
« On va nous dire que c’est une décision de justice. Mais là-bas, la justice, les élections, tout cela, c’est des bobards», a-t-il martelé, qualifiant le régime égyptien d’«autoritaire, voire totalitaire» et le chef de l’Etat lui-même de «putschiste».
Dans ce cadre, le président turc a réitéré son refus d’établir des relations avec le dirigeant égyptien, qu’il n’a d’ailleurs jamais rencontré depuis son accession à la tête de l’Egypte. «Jamais je ne m’entretiendrai avec quelqu’un comme lui», a martelé Erdogan, tout en soulignant par contre son affection pour le peuple égyptien.
Les neuf personnes exécutées avaient été condamnés à mort le 25 novembre dernier. L’assassinat du procureur général n’avait pas été revendiqué, mais la police avait indexé la confrérie des Frères musulmans (une organisation qualifiée de terroriste par le pouvoir égyptien) et certains de ses membres avaient été arrêtés.
L’affaire des Frères musulmans est bien le dossier au cœur des altercations entre Le Caire et Ankara. Alors que cette confrérie est menacée en Egypte, plusieurs de ses membres auraient trouvé refuge en Turquie, depuis la chute du régime du président Mohamed Morsi (issue de la même confrérie).
Erdogan a fait de la libération de tous les Frères musulmans détenus en Egypte une des conditions, avant de rencontrer Abdel Fattah al-Sissi. « Avant toute chose, il faudrait qu’il libère toutes ces personnes emprisonnées avec une amnistie générale. Tant que ces personnes n’auront pas été libérées, nous ne pourrons pas discuter avec Sissi », a-t-il insisté.
Erdogan a critiqué aussi les pays occidentaux qui rejettent des coups d’Etat dans le monde, mais qui ont fermé les yeux sur al-Sissi qui a renversé Mohamed Morsi par un coup d’Etat. «Au contraire ils ont reçu al-Sissi en lui déroulant le tapis rouge», a-t-il regretté.