Quinze journalistes algériens arrêtés jeudi à Alger alors qu’ils participaient à un sit-in organisé pour protester contre la censure, ont été libérés quelques heures plus tard.
«Plus aucun journaliste ne se trouve dans les locaux de la police », a déclaré le directeur de la communication de la DGSN, Hakim Belouar.
Des dizaines de journalistes des médias algériens, écrits et audiovisuels, publics et privés, s’étaient rassemblés sur la «Place de la Liberté de la presse» pour dénoncer le manque de couverture par les médias publics et par les chaînes privées (propriétés d’hommes d’affaires proches du pouvoir) des manifestations contre la candidature d’Abdelaziz Bouteflika pour un cinquième mandat.
Pendant que les reporters interpellés étaient enfermés dans les véhicules de la police, les autres manifestants, encerclés par des policiers, scandaient «Libérez nos collègues».
Ces hommes de médias ont révélé avoir passé sous silence le mouvement de contestation, pendant plusieurs jours, à cause des pressions «imposées par leur hiérarchie».
Selon la presse locale, des journalistes de la radio nationale algérienne ont dénoncé, à cette occasion, l’absence de neutralité à l’antenne, le «traitement exceptionnel» réservé au camp du président Bouteflika et celui «restrictif de l’opposition».
Les journalistes ont voulu se faire entendre, à la veille de nouvelles manifestations annoncées pour ce vendredi contre la candidature du président sortant, Bouteflika qui est cloué dans son fauteuil roulant et n’apparaît plus en public depuis qu’il a été victime d’un AVC en 2013.
Le peuple algérien s’oppose farouchement à cette nouvelle mandature, estimant que son président, très affaibli par les séquelles d’un AVC, n’est plus en mesure de gouverner efficacement et devrait renoncer à la course pour la prochaine présidentielle.
Mercredi 27 février, Reporters sans Frontières (RSF) a accusé les autorités algériennes d’empêcher la couverture du mouvement de contestation actuel en muselant les médias.
Cette ONG s’est insurgée contre les «interpellations, agressions, interdiction de couvrir, confiscation de matériel, pressions sur les médias publics et ralentissement du réseau Internet… ».