Le président palestinien Mahmoud Abbas a nommé hier dimanche Mohammad Chtayyeh, un de ses fidèles et une figure de la scène politique palestinienne, au poste de Premier ministre, et l’a chargé de former un nouveau gouvernement.
Les analystes perçoivent dans cette décision unilatérale du président palestinien, une nouvelle tentative de Mahmoud Abbas d’isoler ses rivaux du Hamas qui dirigent la bande de Gaza.
Ces derniers avaient été consultés lors de la formation du précédent gouvernement en 2014, lors d’une phase de réconciliation entre le Hamas et le Fatah, le parti de Mahmoud Abbas.
Le mouvement islamiste a annoncé hier qu’il ne reconnaissait «pas le gouvernement séparatiste car il a été formé sans consensus national».
Dans les Territoires palestiniens, le gouvernement est l’émanation de l’Autorité palestinienne, entité intérimaire internationalement reconnue et censée préfigurer un Etat indépendant qui comprendrait la Cisjordanie occupée par Israël depuis plus de cinquante ans, et la bande de Gaza, séparées de quelques dizaines de kilomètres par le territoire israélien du reste des territoires palestiniens.
Toutefois, dans les faits, c’est le président palestinien qui prend les décisions importantes mais le mandat de Mahmoud Abbas en tant que président a expiré en 2009, et il est resté en fonction faute d’élections.
La nomination de Mohammad Chtayyeh s’inscrit donc dans le cadre d’une crise politique plus large. Fin janvier, le précédent Premier ministre palestinien, Rami Hamdallah avait remis sa démission après l’annonce un mois auparavant, du président palestinien de sa volonté de dissoudre le Parlement palestinien contrôlé par le Hamas et organiser des élections législatives anticipées dans les six mois à venir.
Le dernier scrutin pour élire le président du Parlement palestinien a eu lieu en 2006. Elles avaient été remportées par le Hamas mais la communauté internationale a refusé de reconnaître cette victoire.
Un an plus tard, le mouvement islamiste prenait le contrôle de la bande de Gaza au terme d’une quasi-guerre civile avec le Fatah et depuis, tous les efforts de réconciliation entre les frères-ennemis n’ont pas abouti, figeant le paysage politique palestinien.