Un rapport d’audit accuse l’administration de l’ex-président Ernest Bai Koroma d’avoir détourné plus d’un milliard de dollars de fonds public entre 2015 et 2018, correspondant à plus de deux fois le budget national.
L’audit, commandé par l’actuel gouvernement a été réalisé par une cinquantaine d’experts africains, grâce à un financement de l’agence de coopération britannique UK Aid.
Le rapport présenté mardi, lors d’une conférence de presse, par le ministre des Finances, Jacob Jusu Saffa, relève de nombreux manquements graves (contrats surévalués, prêts ou dons non justifiés, absences de stratégie pour recouvrir les loyers ou les amendes, non-respect de la législation concernant la comptabilité dans les administrations et sociétés publiques).
Il « a mis au jour de graves violations dans l’attribution de marchés publics dans les secteurs de l’énergie, des routes (…) et des télécoms pour un montant de 1,036 milliard de dollars », selon le ministre qui a donné un délai de trois mois aux contrevenants pour rembourser les sommes détournées sous peine de poursuites.
« L’argent a été volé sur les comptes en banque du gouvernement. Nous récupérons toutes les sommes détournées afin de procurer des services de base à la population », a-t-il assuré.
L’opposition a dénoncé, pour sa part, une chasse aux sorcières. Plusieurs personnalités, citées dans le rapport, ont nié d’emblée les faits qui leur sont reprochés.
Rappelons que plusieurs ex-responsables avaient déjà été arrêtés à la suite de la publication, le 4 juillet 2018, d’un rapport sur la « corruption galopante » sous l’administration de l’ancien chef d’Etat Koroma. L’actuel président, Maada Bio, avait souligné à cette occasion que « la corruption se trouve à un niveau qui peut détruire la nation. Je considère que ce niveau est désormais un dossier de sécurité nationale ».