Le procureur spécial de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei), Alioune Ndao, a été démis de ses fonctions mardi, une décision brutale qui intervient en plein procès de Karim Wade, le fils de l’ancien président sénégalais, jugé par ce tribunal.
En attendant de trouver un remplaçant, c’est le magistrat sénégalais et ancien enquêteur du Tribunal pénal international pour le Rwanda, Cheikh Tidiane Mara, qui prendra les rênes de cette institution juridique. « J’étais au tribunal à l’audience lorsqu’une parente m’a alerté », a confié le procureur spécial de la Crei, ajoutant qu’il n’avait reçu aucun appel ou courrier officiel lui annonçant son limogeage.
En apprenant la nouvelle, plusieurs personnes présentes à l’audience ont poussé des cris de joie, allant jusqu’à plébisciter Karim Wade comme président. L’ex-première dame, Viviane Wade a, quant à elle, entamé l’hymne national lors du retour de son fils dans la salle du procès.
Officiellement, le ministère de la Justice ne s’est pas encore exprimé sur ce limogeage. Certaines personnalités proches de M. Ndao affirment que cette décision est politique. Selon eux, il y a une divergence d’opinion entre le ministère de la Justice et Alioune Ndao au sujet du procès du fils de l’ex-président sénégalais. L’ancien procureur de la Crei aurait voulu mettre en cause de nouvelles personnalités politiques lors de l’enquête sur les biens mal acquis de Karim Wade.
Les avocats de M. Wade, qui réclament depuis le début de l’affaire une suspension du procès, affirment que ce remplacement de dernière minute est la preuve encore une fois d’un jugement orchestré par le pouvoir politique. La partie adverse assure pourtant que cette décision n’aura pas d’incidence sur la sentence finale.
En attendant une explication du ministère de la Justice, le procès du fils d’Abdoulaye Wade, poursuivi par l’Etat du Sénégal pour enrichissement illicite depuis avril 2013, est ajourné jusqu’au premier décembre.