Le média d’investigation Disclose a révélé lundi une note de la Direction du renseignement militaire français (DRM) confirmant l’utilisation d’armements français au Yémen, dans la guerre que mène la coalition arabe conduite par l’Arabie saoudite contre les rebelles houthis, une minorité chiite du Yémen soutenue par l’Iran.
Rédigé le 25 septembre 2018 et long de 15 pages, le rapport de la DRM intitulé «Yémen – Situation sécuritaire», qui porte la classification «confidentiel défense», montre que des armes de fabrication française sont utilisées dans la guerre au Yémen, y compris dans des zones civiles.
Ces armes sont des matériels des forces de l’Arabie saoudite et des Emirats arabes unis, deux clients importants des industries français de l’armement.
L’on y retrouve entre autres, des canons Caesar, des chars Leclerc, des hélicoptères Cougar, des avions ravitailleurs A330-MRTT, des avions de chasse Mirage 2000-9, et des pods de guidage laser Damoclès.
Les chars français auraient été au cœur de la bataille d’Al Hodeïda en novembre 2018, une bataille qui avait fait 55 victimes civiles selon l’ONG américaine Acled.
Des bateaux participent également au blocus naval imposé au Yémen, ajoute le rapport, précisant que 436.370 personnes seraient potentiellement concernées par de possibles frappes d’artillerie.
Depuis le début de la guerre au Yémen, plus de 8.300 civils, dont 1.283 enfants, ont été tués selon les chiffres publiés en mars dernier, par Yemen Data Project, une ONG qui collecte et recoupe les informations sur les frappes de la coalition.
Dans leur réaction à la publication du rapport de la DRM, les services du Premier ministre français ont expliqué que les armes françaises dont disposent les membres de la coalition sont placées pour l’essentiel en position défensive, à l’extérieur du territoire yéménite ou sur des emprises de la coalition, mais pas sur la ligne de front.
Les ventes d’armement français à l’Arabie saoudite et aux Emirats arabes unis sont régulièrement critiquée par de nombreuses ONG internationales et provoquent parfois des tensions entre les pays européens ayant des programmes militaires en commun.
Pourtant, l’Etat français compte poursuivre ses livraisons d’armes, avec notamment quelque 147 canons devant être expédiés vers le royaume saoudien d’ici 2023.