Des députés maliens de l’opposition et de la majorité ont déposé, mercredi à Bamako, une motion de censure contre le gouvernement, dénonçant «la mauvaise gouvernance», notamment sur les questions sécuritaires et sur la crise dans le secteur éducatif.
«Nous sommes dans une crise. Il y a beaucoup de problèmes. Donc, nous avons décidé d’aller vers cette motion de censure contre le gouvernement», a déclaré, à la presse, Moussa Timbiné, député de la majorité et vice-président de l’Assemblée nationale.
Le président par intérim du groupe parlementaire de l’opposition, Amadou Maiga, a relevé le caractère inédit de cette démarche qui engage des députés à la fois de l’opposition et de la majorité.
«C’est inédit que l’opposition et la majorité se joignent pour une motion de censure. Nous voulons que notre pays sorte de la crise sécuritaire et scolaire et la mal gouvernance», a-t-il déclaré.
Cette motion de censure intervient au lendemain d’un discours à la nation du président Ibrahim Boubacar Keita, dans lequel il a annoncé la concertation nationale, ouverte à toutes les forces politiques et sociales, qui se tiendra du 23 au 28 avril prochain.
La mention de censure devrait être débattue et votée ce vendredi 19 avril et son adoption nécessite le vote favorable de deux tiers des membres de l’Assemblée nationale, soit 98 députés sur 147.
Si les auteurs de la motion obtiennent gain de cause, le Premier ministre Soumeylou Maïga et son gouvernement rendront leurs tabliers.
Au Mali, l’insécurité bat son plein. Le 23 mars dernier, un village peul d’Ogossagou dans la région de Mopti, a été l’objet d’une attaque armée, ayant fait plus de 160 morts. Cet incident a été comme la goutte d’eau qui a fait déborder le vase.
Le 26 mars et le 5 avril, de grands rassemblements ont eu lieu à Bamako, à l’appel de l’imam Mahmoud Dicko, président du Haut conseil islamique du Mali (HCIM), pour réclamer le départ du Premier ministre, dans le cas contraire, a-t-il prévenu «chaque vendredi, ce genre de grand rassemblement s’effectuera jusqu’à la satisfaction de notre revendication à savoir la démission du Premier ministre».