Le Bénin est entré dans la dernière ligne droite vers la tenue des élections législatives le 28 avril, sans la participation de l’opposition qui, après son exclusion, a appelé carrément à l’arrêt du processus électoral.
«L’opposition béninoise n’a pas boycotté les prochaines élections législatives… Elle en a été exclue», lançait un leader de l’opposition pour résumer la situation qui prévaut actuellement autour de ce scrutin.
En effet, seules deux formations politiques, toutes de la mouvance présidentielle, sont actuellement en lice et battent campagne pour ces législatives en l’absence de l’ensemble des partis de l’opposition, dont certains candidats ont vu leurs dossiers de candidature rejetés pour défaut de conformité avec la nouvelle charte des partis adoptée en septembre 2018. Certaines formations n’ont même pas pu inscrire leur liste.
Une situation tendue et la confusion plane sur le pays, où une bonne partie de la classe politique appelle à l’arrêt du processus, afin de trouver une alternative consensuelle, pour des élections inclusives, démocratiques et apaisées.
La semaine dernière, l’ancien président béninois, Boni Yayi, avait appelé son successeur, Patrice Talon à prendre ses responsabilités pour arrêter ce processus, afin d’«éviter le chao» dans le pays.
Avant lui, un autre ancien chef de l’Etat, Nicéphore Soglo, avait lui aussi lancé un message de la même teinte, après un entretien «décevant» avec le président Talon.
Samedi, la tension est encore montée d’un cran, lorsque des manifestants sortis pour soutenir les ex-chefs d’Etat, Boni et Soglo, au grand marché de Dantokpa, ont été dispersés à coup de gaz lacrymogène. Des coups de feu ont même été tirés en l’air, et Yayi Boni en serait même venu aux mains avec un agent des forces de sécurité venu lui intimer l’ordre de quitter les lieux.
La veille, le Groupe d’étude et de recherche sur la démocratie et le développement économique et social en Afrique (GERDES-Afrique) a lancé un «ultimatum» au président talon «afin qu’il revoit sa position pour des élections inclusives au Bénin». A défaut de quoi, il a appelé les Béninois à une «mobilisation générale pour exiger l’arrêt du processus électoral».
Dans la foulée, la Police Républicaine béninoise a appelé dimanche, les populations à lui dénoncer, «contre de fortes récompenses, tous les projets d’actes attentatoire à la paix et à la sécurité» dont elles auraient connaissance.