Dans un rapport publié mercredi à l’occasion de la Journée mondiale contre la torture, des ONG tunisiennes et internationales ont dénoncé un discours officiel «timide et ambigu» sur la lutte contre la torture et des mesures «insuffisantes» pour mettre fin à l’impunité en Tunisie.
«Le discours officiel sur l’interdiction absolue de la torture est resté très timide et ambigu » de la part de l’Etat, ont déploré plusieurs ONG, parmi lesquelles l’Organisation mondiale contre la torture, la Ligue tunisienne des droits de l’Homme ou encore l’Association des Magistrats Tunisiens.
Ces ONG qui sont régulièrement informées de cas de torture et mauvais traitements, attribuées majoritairement à des membres de forces de sécurité, jugent aussi insuffisantes les mesures judiciaires de lutte contre ce phénomène.
Elles pointent du doigt, les représentants de l’Etat qui évitent « de reconnaître explicitement sa persistance comme phénomène ». De ce fait, leur discours «n’a pas un grand impact, ni sur le comportement des responsables de l’exécution de la loi, ni sur l’opinion publique », estiment-elles.
La lenteur et l’« absence de diligence » de la justice font « qu’aucun progrès n’a été noté pour garantir des enquêtes et des poursuites sérieuses et rompre avec ce cycle vicieux d’impunité pour le crime de torture », selon le rapport.
« Il y a une nette amélioration mais le problème c’est que parmi les plaintes déposées, seul un faible pourcentage arrive devant les juges », explique Jamel Msallem, président de la Ligue tunisienne des droits de l’Homme.
Ces ONG ont appelé à un engagement « officiel et ferme » du gouvernement pour mettre fin aux pratiques humiliantes de torture et pour appliquer les réformes prônées par l’instance chargée de tirer les leçons des dictatures.