Alors que la Guinée d’Alpha Condé connaît actuellement un vif débat sur l’opportunité d’une révision constitutionnelle, son ministre de la Justice vient de rendre son tablier. Une démission aux allures de protestation.
Dans une lettre adressée au chef de l’Etat, le ministre Cheick Sako affirme présenter sa démission, faute de réponse de M. Condé à sa demande, lors d’un entretien le 4 avril, de le remplacer dans les fonctions qu’il exerce depuis près de cinq ans et demi.
«Par ailleurs, je n’ai pas été associé à la rédaction de la nouvelle Constitution en ma qualité de garde des sceaux», écrit-il. «Compte tenu de ma position personnelle contre toute modification ou changement de la Constitution en vigueur, vous comprendrez que je ne puisse plus continuer à exercer la fonction de ministre de la Justice». Dans l’entourage du ministre démissionnaire, l’on indique également que son départ était motivé par «plusieurs raisons, notamment l’ingérence dans les affaires judiciaires des pouvoirs publics».
Ancien opposant historique et premier président démocratiquement élu de Guinée, Alpha Condé, dont le deuxième mandat s’achève en 2020, a souvent contesté la pertinence de la limitation du nombre de mandats sur le continent. Dans ce pays, ce mandat est limité à deux. Le président octogénaire n’a jusqu’à présent pas annoncé de modification de la Constitution afin de pouvoir se représenter en 2020, mais plusieurs de ses déclarations récentes ont été interprétées dans ce sens.