Le Conseil militaire de transition du Soudan a annulé, dans la nuit du lundi, tous les accords conclus avec la principale coalition de l’opposition qu’il a accusée d’être responsable du retard dans la conclusion d’un accord final. Dans la foulée, il a appelé à des élections anticipées d’ici mars prochain.
Le Conseil militaire de transition « décide de cesser de négocier avec l’Alliance pour la liberté et le changement » (ALC, fer de lance de la contestation), « d’annuler ce qui avait été agréé et de tenir des élections dans un délai de neuf mois », a fait part le chef du Conseil, le général Abdel Fattah al-Burhane, dans un communiqué diffusé à la télévision officielle.
Au cours de la journée, les forces de sécurité ont pris d’assaut le camp de protestation devant le quartier général de l’armée à Khartoum, et la sévère réprimande réservée aux manifestants qui refusaient de démanteler leur sit-in, se serait soldée par la mort d’au moins 30 personnes.
Les manifestants occupent cette place, devant le QG de l’armée, depuis le 6 avril, soit cinq jours avant le renversement du président Omar el Bechir. Le général Abdel Fattah al-Burhane qui a démenti toute « dispersion par la force » du sit-in à Khartoum, a promis que ces événements meurtriers feront l’objet d’une enquête.
L’armée et les manifestants avaient pourtant convenu d’une période de transition de 3 ans et de la mise en place d’un organe législatif composé à 67% de civils. Il ne restait qu’à déterminer la composition du conseil souverain, l’organe décisionnel suprême chargé de diriger la transition ; le véritable point de blocage étant donné que chaque partie tenait à avoir une mainmise sur cet organe en s’accaparant de la majorité des postes.
Devant cette nouvelle situation, l’ALC a invité la population à des « marches pacifiques ». De même qu’elle a appelé à « la grève et la désobéissance civile totale et indéfinie » en vue de « renverser le régime ».
Au niveau international, le Royaume-Uni et l’Allemagne ont demandé une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU. Cette réunion, à huis clos, devrait, selon des diplomates, se tenir ce mardi autour, entre autres, des violences perpétrées par des forces de l’ordre ayant fait une trentaine de morts.