La dispersion par l’armée des manifestants réunis à Khartoum et dans d’autres villes du Soudan, pour réclamer le transfert du pouvoir aux civils, a fait lundi plus de 30 morts, selon un bilan encore provisoire.
« L’armée a envahi les rues entourant le sit-in, a utilisé des balles réelles, des gaz lacrymogènes et des matraques », a affirmé l’Association des professionnels soudanais (SPA), qui a précisé que les tentes installées sur la place ont été incendiées.
Le bilan de l’assaut meurtrier mené par les militaires contre les contestataires a fait au moins 30 morts, selon un bilan délivré par le Comité central des médecins soudanais, une organisation proche des opposants au Conseil militaire de transition, qui tient le pouvoir depuis la chute d’Omar el-Béchir. Des « centaines de blessés » ont également été recensés.
Des témoignages ont fait état de tirs à balles réelles sur les manifestants, tandis que, sur les réseaux sociaux, des activistes proches du SPA ont relayé des images de personnes blessées.
Alors que les manifestants étaient réunis dans la journée sur la place al Qiyadah (« du commandement »), le Conseil militaire avait lancé une opération de répression, la plus grosse engagée depuis la chute d’Omar el-Béchir.
Auparavant, des barricades avaient été dressées par les manifestants, sans avoir pu résister à l’avancée des militaires, lourdement armés.
« Ces événements prouvent les mensonges et la complicité de ce conseil de coup d’État avec les vestiges de l’ancien régime », a notamment réagi le SPA sur les réseaux sociaux, réaffirmant ses appels à « la désobéissance civile ».
En conséquence de cette dispersion, le mouvement de contestation (ALC) a annoncé couper tout contact politique avec le Conseil militaire de transition au pouvoir.
« Nous n’avons pas dispersé le sit-in par la force », a déclaré, pour sa part, le porte-parole du Conseil militaire, le général Chamseddine Kabbashi, à la chaîne de télévision Sky News Arabia, basée aux Émirats arabes unis. « Les tentes sont là et les jeunes peuvent y circuler librement », a-t-il assuré.