L’ancien président Yahya Jammeh est accusé par trois Gambiennes de les avoir contraintes à des relations sexuelles en usant de pressions morales, financières ou physiques lorsqu’il était encore au pouvoir, selon un rapport de Human Rights Watch présenté mercredi au Sénégal.
«Yahya Jammeh a traité les femmes gambiennes comme ses choses », a expliqué à Dakar l’avocat américain de Human Rights Watch, Reed Brody. « Le viol et l’agression sexuelle sont des crimes, Jammeh n’est pas au-dessus des lois ».
Les défenseurs des droits humains accusent le régime de Yahya Jammeh qui a dirigé la Gambie d’une main de fer de 1994 à son départ pour la Guinée équatoriale le 21 janvier 2017, sous la pression d’une force régionale, d’actes systématiques de torture contre des opposants et des journalistes, d’exécutions extra-judiciaires, de détentions arbitraires et de disparitions forcées.
Selon l’enquête menée avec l’ONG suisse TRIAL International, l’ex-président gambien et ses collaborateurs ont « recouru à la coercition, à la tromperie et à la violence » pour obtenir des faveurs sexuelles, « ainsi qu’à des représailles lorsque les femmes refusaient ses avances ».
Fatou Jallow, dite « Toufah », élue « reine de beauté » en décembre 2014, accuse M. Jammeh de l’avoir enfermée dans une pièce de son palais en juin 2015, menacée de mort et lui a injecté une substance au moyen d’une seringue, avant de l’immobiliser et de la violer.
Selon plusieurs témoignages rapportés par les deux ONG, Yahya Jammeh s’est aussi entouré de « protocol girls » – des jeunes femmes qu’il recrutait personnellement comme assistantes, avec l’aide d’une cousine, Jimbee Jammeh, chargée de les mettre en confiance – avant de les harceler sexuellement.
La Commission vérité et réconciliation (TRRC), qui enquête sur les crimes présumés du régime Jammeh, a entamé début juin sa 5e session d’auditions. Elle prévoit d’organiser des séances consacrées aux violences sexuelles dans les prochains mois.