La Turquie a annoncé mardi qu’elle continuera ses activités de forage gazier au large de l’île de Chypre, malgré les sanctions que l’Union européenne (UE) a adoptées la veille contre elle.
Lundi, Bruxelles a adopté une série de mesures politiques et financières pour sanctionner la poursuite des forages réalisés «illégalement» par la Turquie dans les eaux territoriales de Chypre malgré les mises en garde de l’UE.
L’Union européenne a notamment décidé de suspendre les négociations de l’Accord global sur le transport aérien, qui permet aux compagnies aériennes d’un pays d’avoir un meilleur accès au ciel de l’autre, et de ne pas organiser le Conseil d’association et d’autres réunions bilatérales au plus haut niveau.
Elle a aussi appuyé une proposition visant à diminuer les aides de pré-adhésion à la Turquie en 2020 et invité la Banque européenne d’investissement à réduire ses prêts à Ankara.
Selon un diplomate européen, la Turquie pourrait perdre le bénéfice de 150 des 400 millions d’euros qui devaient lui être attribués l’année prochaine. Ces sanctions tombent mal pour la Turquie, qui voit son économie se dégrader avec une inflation élevée à 15,7% en juin, fortement endettée et dépendante des capitaux étrangers, notamment européens.
L’Union européenne a cependant veillé à ne pas rompre tout dialogue avec la Turquie étant donné qu’elle a besoin de la coopération de ce voisin pour contrôler l’immigration et le terrorisme en provenance du Proche-Orient.
La découverte ces dernières années en Méditerranée orientale de gigantesques gisements gaziers, 600 milliards de mètres-cubes, a ravivé les tensions dans l’île méditerranéenne.
La République de Chypre, membre de l’Union européenne mais qui n’exerce son autorité que sur les deux tiers de l’île, considère que la zone de forage appartient à sa zone économique exclusive.
Cette position est contestée par la Turquie, dont l’armée a envahi en 1974 le dernier tiers nord de l’île après un coup d’Etat visant à rattacher l’île à la Grèce, ce qui a donné naissance à l’autoproclamée République turque de Chypre du Nord (RTCN) que la Turquie est seule à reconnaître.
Chypre, qui rêve de devenir à terme un acteur énergétique majeur, a signé ces dernières années des contrats d’exploration avec des groupes d’hydrocarbures, mais Ankara réclame la suspension de toute exploration tant qu’une solution au litige territorial autour de l’île Chypre n’est pas trouvée.