Ce 30 juillet marque le dixième anniversaire de la mort de Muhamed Yusuf, le charismatique fondateur du mouvement terroriste Boko Haram, abattu par la police nigériane, faisant basculer son mouvement dans la radicalisation et occasionnant une décennie de sang.
Boko Haram, dont le nom signifie «l’éducation occidentale est un péché», reproche à l’Etat central d’Abuja d’être coupable d’injustice, de corruption, d’inégalités, et d’avoir trahi les valeurs traditionnelles au profit du consumérisme et des valeurs occidentales.
Prônant un islam radical, multipliant pillages et enlèvements, le groupe est devenu un des plus puissants d’Afrique de l’Ouest, étendant son combat au-delà du Nigeria sur l’ensemble des pays du lac Tchad, au carrefour du Niger, du Tchad et du Cameroun.
Le groupe a connu de nombreuses évolutions, passant de la clandestinité jusqu’à contrôler une grande part du Nigeria, avant de se diviser en 2016 en un groupe plus large et plus sophistiqué affilié à l’Etat islamique et un autre plus petit et plus radical.
Bien qu’ayant perdu du terrain, le groupe a encore une capacité de nuisance avec environ 6 000 combattants en tout. En témoigne l’assassinat de 65 personnes samedi dans l’attaque d’une cérémonie de funérailles.
Aujourd’hui, les observateurs font le triste constat des abus commis par l’armée qui assume une grande responsabilité dans l’évolution de Boko Haram.
L’état d’urgence mis en place dès le début de l’insurrection en 2009 a permis à l’armée de commettre de nombreux abus, des exécutions extra-judiciaires, des emprisonnements de personnes pendant des années sans jugement.
L’armée, largement perçue comme corrompue, n’a pas suffisamment pris en compte la nécessité de gagner le soutien des populations dans le combat contre Boko Haram.
Le conflit se trouve encore dans l’impasse, aucun des groupes armés rivaux n’étant capable de capturer ou de tenir des villes d’importance, alors que l’armée ne parvient ni à les éradiquer, ni à empêcher les raids récurrents contre ses casernes.
La crainte aujourd’hui est de voir Boko Haram s’allier avec les autres mouvements djihadistes en Afrique de l’Ouest, comme l’Etat islamique au Grand Sahara (EIGS). Depuis 2009, l’insurrection au Nigeria a fait au moins 27.000 morts et plus de deux millions de déplacés sans compter les normes dégâts matériaux dot les infrastructures pétrolières et gazières du pays.