Des organisations professionnelles de médias et des défenseurs des droits humains au Burkina Faso sont encore montées au créneau pour dénoncer le nouveau code pénal à l’occasion de sa promulgation par le président Roch Marc Christian Kaboré, la semaine dernière, après son adoption en juin dernier par le Parlement.
La nouvelle disposition punie la divulgation de certaines informations en lien avec le terrorisme et la sécurité nationale. Les défenseurs du nouveau code pénal estiment qu’il permettra, entre autres, de réprimer les fausses informations (fake news), lorsqu’elles sont de nature à porter atteinte à la défense et à la sécurité nationale, et réprimer les publications qui visent à révéler des informations jugées stratégiques pour la défense nationale.
Mais du côté des associations professionnelles des médias, le président de la Société des éditeurs de presse privée, Boureima Ouédraogo estime que ce texte «n’est pas seulement liberticide pour la presse, mais il est aussi liberticide pour le citoyen lui-même» et porte atteinte à la liberté d’expression pourtant reconnue par la Constitution.
Selon lui, «cette loi ainsi adoptée et promulguée risque de créer beaucoup plus de soucis qu’elle n’en résoudra, parce que je vois mal un journaliste qui se mettrait en retrait par rapport à une question d’attaque terroriste sous prétexte qu’une loi a été adoptée».
Du côté des organisations de défense des droits humains, le Directeur exécutif du Centre d’information et de formation en matière des droits humains en Afrique (CIFDHA), Urbain Yaméogo a déclaré que «la liberté d’expression, la liberté d’opinion, la liberté de presse et le droit à l’information des citoyens sont reconnus aussi bien dans notre Constitution que dans différents instruments que le Burkina a ratifiés».
Un député de la majorité parlementaire avait indiqué, en avril passé, qu’« on ne saurait permettre une liberté illimitée à un journaliste. La plume a fait beaucoup plus de victimes que l’épée depuis 6 demi-siècle de l’humanité ».
Le ministre de la Justice, Réné Béssolé Bagoro, avait souligné que la loi canalise, les «informations qui sont de nature à compromettre la position de nos Forces de Défenses et de Sécurité, en cas d’attaque, parce que donner leur position peut permettre aux ennemis de savoir comment se réorganiser ».