L’ex-président burkinabè Blaise Compaoré est revenu en fin de semaine dernière à Yamoussoukro au terme d’un bref séjour au Maroc, apprend-on de sources proches de la Présidence ivoirienne.
Après s’être réfugié en Côte d’Ivoire au soir de son éviction du pouvoir le 31 octobre, Compaoré s’était rendu le 20 novembre au Maroc qui était vu, par nombreux observateurs, comme le lieu de sa destination finale ou de son exil de longue durée. Mais, vendredi dernier, l’ex-homme fort en Côte d’Ivoire, a posé à nouveau ses valises à Youmoussoukro. Aucune raison officielle n’est communiquée pour expliquer ce changement brusque de résidence.
Dans l’itinéraire du retour qui l’a conduit de Casablanca à Yamoussoukro, le président déchu aurait fait deux courtes escales au Gabon et au Congo. Les observateurs interprètent ce long périple comme une quête désespérée d’un lieu d’accueil sûr, mais tous ses points d’atterrissage se sont jusqu’à présent avérés, tous inhospitaliers pour cet ex-président devenu sans doute trop encombrant pour ses anciens amis/alliés.
On sait que depuis sa démission forcée suite à l’insurrection populaire, la pression n’est pas encore retombée à Ouagadougou. La société civile réclame continuellement l’ouverture des dossiers de l’assassinat de l’ex-président Thomas Sankara survenu suite à un coup d’Etat qui a porté Blaise Compaoré au pouvoir, ainsi que du journaliste Norbert Zongo qui enquêtait sur la mort du chauffeur de François Compaoré, frère cadet de l’ancien président.
Les nouvelles autorités ivoiriennes ont non seulement promis d’autoriser l’exhumation du corps supposé de Sankara pour son identification, mais aussi, fait inattendu, le Premier Ministre, Isaac Zida, lui-même ancien numéro deux de la garde présidentielle du président Compaoré, n’a pas hésité d’annoncer que son gouvernement demanderait aux pays hôtes, l’extradition de l’ex-chef d’Etat au cas où la justice de son pays l’exigerait.
Rien ne rassure que le séjour actuel de Compaoré dans la capitale de Côte d’Ivoire serait paisible. A son premier passage, des voix s’étaient déjà élevées pour s’opposer à son installation sur le sol ivoirien. Les autorités ivoiriennes vont-elles céder ou résister à une potentielle pression de la rue ? Une interrogation qui ne tardera sûrement pas, à trouver réponse.