Le président guinéen, Alpha Condé, a annoncé, mercredi lors d’une allocution à la télévision nationale, avoir « instruit » son Premier ministre « d’initier des consultations avec les institutions de la République, les partis politiques, les syndicats et les organisations de la société civile ».
Mais cette main tendue du chef de l’Etat n’est vraisemblablement pas la bienvenue. Les réactions des responsables de l’opposition n’ont pas tardé, allant toutes dans le sens du rejet de l’initiative présidentielle qui ne serait, selon eux, qu’un « prétexte » pour permettre à Condé de se maintenir au pouvoir au-delà de ses deux mandats constitutionnels.
« Il n’y a pas de débat autour du changement de Constitution », a martelé Cellou Dalein Diallo, chef de file de l’opposition, au cours d’une rencontre qui a réuni jeudi les principaux leaders de l’opposition autour des consultations annoncées par le chef de l’Etat.
« On a une Constitution qui permet l’exercice des libertés, qui permet l’alternance. On peut faire des révisions. Toutes les autres dispositions sont révisables, sauf le nombre et la durée des mandats. On comprend pourquoi il le fait : c’est pour s’éterniser au pouvoir », a poursuivi Diallo.
Pour le Front national de défense de la constitution (FNDC), créé en avril pour s’opposer à un troisième mandat d’Alpha Condé, « il n’y aura ni consultation, ni référendum, ni troisième mandat ».
Dans une interview accordée à un journal local, le leader du parti Bloc Libéral (BL), Faya Millimono, s’est interrogé sur l’objet de ces consultations.
« Le dialogue ou la consultation sur quoi exactement ? Le Premier ministre, quant à lui, il a déjà un point de vue et son gouvernement aussi. Ils l’ont affirmé devant le président de la République pour dire qu’ils sont pour la nouvelle constitution, qu’ils n’ont jamais vue. Donc je ne sais pas véritablement sur quoi on va faire la consultation », a-t-il réagi.
Réagissant à ces déclarations, le parti au pouvoir, le Rassemblement du peuple de Guinée (RPG), a insisté sur le fait que ces consultations auront bien lieu avec ceux qui répondront à l’invitation.
Alpha Condé, favorable à la modification du nombre de mandats présidentiels, ne s’est pas encore exprimé sur sa volonté ou non de se représenter.