Le président du syndicat des médecins hospitaliers (ZHDA) du Zimbabwe, Peter Magombeyi a disparu de la circulation, a annoncé dimanche son organisation, qui accuse les forces de sécurité de l’avoir enlevé pour avoir appelé à un arrêt de travail qui paralyse le secteur de la santé.
La centrale syndicale a précisé dans un communiqué qu’elle n’avait plus de nouvelles de son président depuis une note lapidaire, samedi soir, sur sa messagerie WhatsApp annonçant qu’il avait été «kidnappé par trois hommes».
«La ZHDA est choquée et s’inquiète, le Dr Magombeyi a été enlevé par trois hommes que nous soupçonnons d‘être des agents de la sécurité d’Etat», a-t-elle ajouté, précisant que son dirigeant avait reçu récemment des «menaces anonymes».
Une mise en garde contre les allégations sur le présumé enlèvement a été émise par la police qui a néanmoins ouvert une enquête sur la disparition de Magombeyi.
«On ne peut exclure que ces allégations d’enlèvement pour des raisons politiques soient destinées à soutenir les accusations de violations des droits de l’Homme à la veille de la prochaine assemblée générale des Nations Unies», a indiqué un des porte-paroles de la police, dénonçant « une volonté de ternir l’image du pays».
Une grève est observée depuis le début du mois courant par des centaines de médecins du secteur de la santé publique qui exigent que leurs salaires payés en devise locale, soient calculés en fonction de la valeur du dollar américain pour éviter la chute de leur pouvoir d’achat.
Le Zimbabwe est englué depuis près de vingt ans dans une crise économique vertigineuse, héritage du règne de trente-sept ans de l’ex-président Robert Mugabe, inhumé dimanche dernier.
L’Association des avocats pour les droits de l’Homme (ZHRL) a réaffirmé dimanche, «le droit des médecins à mener des actions collectives (…) pour dénoncer leurs mauvaises conditions de travail», et exigé «la libération sans délai» du Dr Magombeyi.
Le régime du président Emmerson Mnangagwa qui a succédé au défunt Mugabe fin 2017, est dénoncé par les ONG depuis des mois pour la répression exercée contre la société civile, particulièrement depuis les émeutes contre la hausse des prix du carburant en janvier dernier.