Longtemps accusé de museler toute opposition, le gouvernement burundais voudrait bien améliorer son image, surtout avant les élections générales de 2020, en ouvrant, dans cette optique, des négociations avec des opposants vivant en exil, afin de les convaincre de retourner au bercail.
Ces échanges se tiennent depuis le week-end dernier à Bujumbura, entre une délégation du CNARED, la principale plate-forme de l’opposition en exil conduite par son secrétaire général, Anicet Niyonkuru, et les autorités politiques locales. Les travaux «avancent bien» et devraient aboutir à «un accord» entre les partie prenantes, apprend-t-on de sources proches des négociations.
Mais les opposants restent «prudents» et émettent des réserves sur l’«objectif réel» de cette main tendue par le président Pierre Nkurunziza. Ils jugent que les conditions d’un retour au Burundi ne sont pas encore réunies.
«Pas plus tard que la semaine dernière, il y a un cadre du ministère des Sports qui a été lâchement assassiné. Comment dans ce genre de situation, pouvez-vous convaincre les hommes politiques refugiés de rentrer chez eux, au moment où même les cadres de l’Etat sont exécutés au grand jour ?», s’inquiète Pancras Cimpayé, ancien porte-parole du CNARED, ajouta qu’«on préfère rester refugiés plutôt que d’être mort au Burundi».
Des élections communales, législatives et présidentielles sont prévues au Burundi le 20 mai 2020. La dernières période électorale dans le pays remonte à 2015, et avait été marquée par des violences, provoquées par la décision du président Pierre Nkurunziza de briguer un troisième mandat.
Dans un discours devant l’Assemblée générale de l’ONU fin septembre, le chef de la diplomatie burundais, Ezéchiel Nibigira, a fait savoir que «le processus électoral est une affaire interne» et que son pays ne tolérerait aucune forme d’ingérence extérieure.