Le candidat favori au second tour des élections présidentielles tunisiennes, Béji Caïd Essebsi, a revendiqué dimanche soir, la victoire avant même la publication des résultats officiels, une proclamation immédiatement contestée par son rival, le président sortant Moncef Marzouki.
Peu après la fermeture des bureaux de vote, Mohsen Marzouk, le directeur de campagne de Béji Caïd Essebsi, a déclaré que les résultats du suffrage penchent plutôt pour le leader du parti Nidaa Tounès, sans pour autant préciser le pourcentage d’écart entre les deux candidats en lice.
Le camp du président sortant a immédiatement rejeté les avances du parti adverse, jugeant prématuré d’annoncer qui était le vainqueur de ces élections, avant la publication des résultats officiels.
L’instance électorale tunisienne (ISIE) espère en effet, être en mesure d’annoncer les résultats définitifs lundi au plus tôt. Selon les estimations du directeur de campagne de Marzouki, Adnène Mancer, l’écart est très serré entre les deux candidats et se joue à quelques milliers de voix de différence.
Selon des résultats partiels dans la circonscription de Kébili, Béji Caïd Essebsi n’a obtenu que 8.408, soit 14,33% des votes contre 50.974, soit 85,67% des votes pour son rival Moncef Marzouki. Même à Gabès ce dernier est largement vainqueur avec 94.961 voix (79,63%) contre 24.293 voix (20,37%) pour Caïd Essebsi.
Quel que soit le vainqueur du second tour des présidentielles, c’est au parti laïc Nidaa Tounès, grand vainqueur des législatives du pays organisées il y a deux mois, que revient la lourde tâche de former le prochain gouvernement. Le parti n’ayant pas la majorité absolue au parlement, devra alors s’entendre avec une ou d’autres formations pour former une coalition stable.
D’autre part, la nouvelle constitution tunisienne, adoptée début 2014, donne l’essentiel du pouvoir exécutif au gouvernement du pays. Les prérogatives du chef de l’Etat ont ainsi été nettement réduites afin d’éviter un retour vers un régime dictatorial à l’image du régime déchu de Zine El Abidine Ben Ali.
Après une transition chaotique de près de quatre ans, marquée notamment par des crises politiques à répétition et les turbulences d’une mouvance islamiste armée, le berceau du printemps arabe a finalement réussi à s’organiser politiquement et à mettre en œuvre les réformes adéquates pour dépasser cette phase d’agitation.